La convocation du président de l’Association des Magistrats tunisiens devant l’inspection générale du ministère de la Justice confirme la voie choisie par la ministre de la Justice; celle de hausser le ton envers les magistrats, surtout après avoir menacé auparavant de prendre les sanctions nécessaires contre le corps de la profession.
C’est, ainsi, que s’est exprimée la présidente d’honneur de l’AMT, Raoudha Karafi, en marge d’une réunion de la coordination des structures judiciaires.
Karafi a critiqué “l’absence de réaction” du président de la République face à la “suspension du travail” dans les tribunaux. Le président de la République a choisi d’”ignorer la crise profonde” dans laquelle se débat la justice et “n’a pas ouvert la voie au dialogue”.
Raoudha Karafi a qualifié de “législation grave” le décret-loi n°35 portant révocation de 57 magistrats, promulgué récemment par le chef de l’Etat. “C’est une atteinte à l’indépendance de la justice et au droit d’ester en justice”, a-t-elle déclaré.
Elle a, en outre, critiqué le fait de révoquer ces magistrats “sur la base de rapports de police et sans passer par le conseil de discipline”.
Le bureau exécutif de l’AMT a indiqué, vendredi, dans un communiqué, que le président de l’AMT, Anas Hmaïdi a été convoqué par l’inspection générale du ministère de la Justice devant laquelle il a défendu sa qualité de “syndicaliste et de représentant du corps des magistrats”.
Lundi 6 juin, les magistrats ont entamé une grève à l’appel de l’Association des magistrats tunisiens pour protester contre la décision du président de la République, Kaïs Saïed, de révoquer 57 magistrats.
Le 1er juin, à l’ouverture de la réunion du Conseil des ministres, le président Kaïs Saïed a annoncé la révocation de 57 juges qu’il accuse “de corruption et de divers crimes et délits”.
Dans un communiqué publié, le 10 juin, le ministère a souligné qu’il “n’hésitera pas à appliquer la loi contre quiconque perturbe délibérément le travail des tribunaux et ternit la réputation des magistrats”. Le ministère de la Justice a appelé à “la nécessité de respecter le droit au travail et de défendre l’intérêt général et les droits des justiciables”.