Tunisie : Une enquête administrative contre le procureur de la République près la Cour d’appel

La ministre de la Justice a ordonné l’ouverture d’une enquête administrative contre le procureur de la République près la Cour d’appel pour avoir refusé de diligenter une enquête sur l’appareil ” secret ” du mouvement Ennahdha et sur la ” chambre noire “. C’est ce qu’a annonce Ridha Raddaoui, membre du Collectif de défense Belaid-Brahmi.

Pour sa part, Kathir Bouallègue, lui aussi membre du Comité de défense, qui s’exprimait ce mercredi 9 février 2022 à Tunis lors d’une conférence de presse, le procureur général d’Etat a refusé l’application des instructions de la ministre de la Justice d’engager une enquête sur ces deux dossiers. Il accuse à ce propos le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Youssef Bouzaker, “d’être à l’origine de ce refus”.

Des plaintes ont été déposées contre tous les juges qui n’ont engagé aucune action judiciaire dans l’affaire dite de l'”appareil secret d’Ennahdha et de la chambre noire”, a souligné le Collectif de défense, dénonçant une lenteur ” délibéré ” pour dévoiler toute la vérité sur les assassinats politiques.

Selon Bouallègue, “l’enquête liée à l’appareil secret d’Ennahdha devrait concerner 26 personnes, alors que le procureur de la République n’a soumis en examen que 10 personnes, les 16 autres individus dont Rachid Ghannouchi n’ont pas été entendus ni poursuivis”.

Il a souligné que les deux juges d’instruction qui ont été saisis n’ont donné aucune suite et n’ont pris aucune mesure dans ce dossier, avant de demander leur mutation. ” Le Conseil supérieur de la magistrature a répondu favorablement à leur demande et le dossier a été oublié”, selon ses expressions.

Pour Me Faten Mahnaoui, membre du Collectif de défense, l’ancien procureur de la République, Bechir Akremi “est impliqué dans l’affaire de l'”appareil secret” du mouvement Ennahdha et il est également visé par quatre enquêtes, devant le Tribunal de première instance de Tunis, parmi lesquelles deux enquêtes qui ont été soulevées directement par le ministère public.

” Bechir Akremi a commis des crimes contre la sûreté de l’Etat et a été monnayé au service des parties étrangères “, a-t-elle accusé, ajoutant qu’il est aujourd’hui accusé de faux et usage de faux, de destruction de documents et de participation à un meurtre avec ” préméditation “.

Et d’ajouter : Akremi est aussi accusé par la justice militaire pour “espionnage” et pour “complot contre la sûreté de l’Etat”.

La conférence de presse du Collectif de Défense des deux martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, a été marquée par la présence du bâtonnier des avocats, ainsi que de nombreuses personnalités politiques, dont les dirigeants de Nidaa Tounes, du Mouvement Echaab, du Courant populaire et du Parti unifié des patriotes démocrates (PUPD).