JCC-Visions Libye : entre le passé du cinéma libyen et les perspectives de son développement

Le cinéma libyen est ancré dans l’histoire. Les professionnels du secteur ont contribué au rayonnement de la culture libyenne. Toutefois, le climat politique de ces dernières décennies a freiné son développement.

Pourtant, des réalisateurs libyens n’ont pas baissé le bras et ont essayé de se frayer un chemin en formant des petites niches de résistance. Pendant la dernière décennie, un vent de liberté a soufflé sur le pays, faisant apparaître une nouvelle génération de cinéastes qui aspirent à promouvoir leur cinéma à l’échelle maghrébin, arabe et internationale.

Le cinéma libyen est présent lors de la 32ème édition des JCC avec quatre longs métrages de fiction et 11 courts métrages.

Cette participation est la plus importante aux JCC depuis 1977. Plusieurs jeunes cinéastes libyens y sont également présents.

Cette édition des JCC met à l’honneur la Libye avec la section ” Visions Libye “. C’est dans ce cadre qu’une rencontre a été organisée hier à la Cité de la culture avec des professionnels du secteur du cinéma libyen.
Cette rencontre a été modérée par Radhwen Ayadi. Ce dernier est revenu sur l’histoire du cinéma libyen mais aussi ses enjeux actuels.

L’un des intervenants, le réalisateur et producteur libyen, Oussama Rezg a souligné que l’histoire du cinéma en Libye remonte à l’année 1911 avec l’avènement de la colonisation italienne. Jusqu’à l’année 1966, il y avait plus de 15 salles de cinéma à Tripoli, la capitale de la Libye et deux salles à Benghazi. Actuellement, il n’y a plus aucune salle de cinéma. Le réalisateur libyen a indiqué également que durant un demi-siècle la Libye n’a produit que 130 films entre courts et longs métrages. Ces films ont été néanmoins l’objet d’une grande censure.

Rezg a relevé que les films libyens produits avant 2011 n’ont pas eu un grand succès auprès du public libyen, ni un rayonnement arabe ou international, à l’exception des films ” Al Rissala ” et ” Omar Al Mokhtar “.

La marginalisation du secteur par les autorités libyennes persiste. Elle a poussé les jeunes réalisateurs libyens à chercher d’autres issues. Le producteur a invoqué, dans ce sens, le rôle des plateformes, à l’instar de ” Rouaa ” (Visions en français), pour la dynamisation du secteur, et ce, en attendant la structuration de la sphère culturelle dans le pays.

Le réalisateur de film documentaire et directeur de la société ” Libye pour les films ” a dévoilé le projet de sa société consistant à lancer une plateforme sur internet réunissant tous les acteurs du secteur. Ils ont 250 réalisateurs et techniciens répertoriés jusqu’à aujourd’hui, a-t-il fait savoir. Cette plateforme vise à tisser des liens entre les différents professionnels du domaine et de pouvoir organiser des manifestations cinématographiques. Le but ultime est de souffler une nouvelle ère cinématographique dans le pays.

Gagnant du prix de l’atelier ” Chabaka ” de la section ” Carthage pro ” lors de cette édition des JCC, le jeune réalisateur libyen Muhannad Lamin a évoqué les difficultés de réalisation de films en Libye, notamment l’inexistence d’un cadre juridique régissant les sociétés de production et de distribution. Il a déploré également les nombreux tournages des films entravés par l’instabilité sécuritaire. Pour lui, la Tunisie est la bouée de sauvetage des jeunes libyens qui rêvent de faire du cinéma.

Les autres intervenants ont insisté sur la nécessité de renforcer la collaboration tuniso-libyenne dans ce secteur. Ils ont mentionné également l’importance d’une coordination maghrébine concernant les plateformes.