Virtual E-Cigarette Summit 2020 : Plaidoyer pour des produits sans fumée

Nous avons assisté dernièrement (dans un hôtel sis aux Berges du Lac 1) à une conférence de presse qui s’est déroulée sur deux jours à propos du tabagisme, en général, et des produits sans fumée communément appelés “cigarettes électroniques” et ayant eu pour thème “Science, preuves et recherche” “. C’était dans le cadre du “Virtual E-Cigarette Summit 2020“.

Cette session a traité plusieurs sujets, entre autres les risques absolus et relatifs des cigarettes électroniques : examen du COT“, la dernière revue Cochrane des e-cigarettes pour le sevrage tabagique, le E-cigarettes et santé vasculaire: étude VESUVIUS, les effets pulmonaires de la cigarette électronique, la communication d’études scientifiques sur les cigarettes électroniques aux médias nationaux.

En effet, le Virtual E-Cigarette Summit 2020 s’est déroulé en ligne les 3 et 4 décembre. Ledit Sommet est une plateforme neutre qui permet à des scientifiques, décideurs politiques, professionnels de la santé de se réunir et d’examiner les derniers développements et la recherche scientifique sur les “produits sans fumée“ et de discuter des stratégies de santé les plus efficaces pouvant réduire les maladies liées au tabagisme.

Il a été souligné dans les différentes interventions que les cigarettes combustibles restent encore un problème majeur, mais il est nécessaire d’accorder une attention accrue sur les autres alternatives sans fumée disponibles aujourd’hui, soulignent les organisateurs.

Alors pourquoi participer à ce sommet?

Pour ses organisateurs, le Virtual E-Cigarette Summit constitue une bonne occasion, sans doute le dernier de l’année, pour les journalistes d’entendre des experts s’exprimer lors d’une réunion indépendante, sur une variété de questions liées au tabac.

Les participants au Virtual E-Cigarette Summit 2020 se sont penchés sur plusieurs questions à savoir :

– Comment les produits sans fumée scientifiquement prouvés sont essentiels pour la santé publique.

– Des cadres réglementaires proportionnés aux risques sont nécessaires pour fournir aux fumeurs – qui n’arrêtent pas – des informations et un accès à de meilleures alternatives.

– La réglementation examine les discussions telles que la directive européenne sur les produits du tabac et le récent rapport SCHEER – Science and Evidence.

– Pourquoi assistons-nous à de fortes divergences entre les pays dans la manière dont ils abordent la lutte antitabac malgré les preuves croissantes en faveur des produits sans fumée.

– Les récents rapports du Comité de toxicologie et de la revue Cochrane sur les cigarettes électroniques et le sevrage vont-ils influencer les conversations internationales et les tendances réglementaires.

Pour ce faire, les organisateurs ont fait appel à des experts dans le domaine médical, entre autres Alan Boobis, OBE, professeur émérite de toxicologie, Imperial College London et président du Comité sur la toxicité ; Ann McNeill, professeur de toxicomanie au tabac, UK Centre for Tobacco & Alcohol Studies, Kings College de Londres ; Dr Karl E. Lund, chercheur principal, Institut norvégien de santé publique ; Karl Fagerstrom, professeur émérite et président, Fagerstrom Consulting ; Prof Linda Bauld, Bruce et John Usher Professeur de santé publique, Université d’Édimbourg et UK Centre for Tobacco & Alcohol Studies ; Clive Bates, directeur, Counterfactual Consulting Ltd ; Martin Dockrell, responsable de la lutte antitabac, Public Health England ; Dr Jamie Hartmann-Boyce, chercheur principal, Université d’Oxford, auteur de la récente revue Cochrane.

Par ailleurs et d’après un document qui vient d’être publié, les méfaits du tabagisme sur la santé se font de plus en plus persistants. Les politiques publiques et les efforts de l’industrie du tabac ne parviennent pas encore à inverser la courbe. Cependant, aujourd’hui l’espoir est permis grâce à la création de l’Association internationale pour le contrôle du tabagisme et la réduction des méfaits (SCOHRE).

Chaque année, quelque huit millions de personnes meurent prématurément, à cause de maladies liées au tabagisme, et ce en dépit des efforts déployés pour contrôler l’habitude de fumer, assure l’association. L’ennui est qu’on connaît les effets nocifs du tabagisme sur la santé depuis des décennies, pourtant le nombre de fumeurs n’a jamais été aussi élevé : on compterait aujourd’hui plus d’un milliard de personnes qui fument dans le monde, toujours selon SCOHRE.

Selon les données disponibles, le tabagisme est considéré au sein de l’Union européenne comme la principale cause évitable de mortalité par cancer (27% de tous les décès par cancer étant liés au tabagisme). On indique qu’en éliminant le tabagisme, il est même possible d’éviter jusqu’à 90% de tous les cancers pulmonaires.

Sevrage tabagique mais pas seulement

Le document de SCOHRE souligne également que le sevrage tabagique est l’une des meilleures solutions mais pas la seule. Il faut donc associer sevrage et prévention du tabagisme en vue d’avoir des interventions médicales les plus efficaces et les plus économiques. «… Il nous incombe de poursuivre nos efforts pour sensibiliser chaque fumeur et le public aux effets nocifs du tabagisme », lance SCOHRE aux décideurs publics de santé.

La plupart des scientifiques du monde estiment que les stratégies de lutte contre le tabagisme devraient être revues de manière à inclure la réduction des risques en adoptant des produits alternatifs, potentiellement moins risqués, en plus des autres mesures traditionnelles de sevrage et de prévention du tabagisme.

C’est justement dans cet objectif qu’a été créée SCOHRE –pour Association internationale pour le contrôle du tabagisme et la réduction des méfaits. Elle est née dans le but d’agir au meilleur des intérêts des fumeurs et de leurs familles et, en fait, pour une meilleure santé pour tous.

Les experts s’intéressent de plus en plus aux nouvelles approches de la lutte antitabac et le débat se poursuit sur le fait que la limitation des effets négatifs du tabagisme peut également être obtenue par la réduction des dommages causés par le tabac. Certaines expériences donnent à penser que le recours à des alternatives potentiellement moins nocives que les cigarettes (c’est-à-dire la réduction des risques liés au tabac, pour les fumeurs qui ne veulent ou ne peuvent pas arrêter de fumer avec les méthodes actuellement approuvées) peut être une solution, et pas forcément la meilleure pour tous, mais de loin préférable au tabagisme continu.

Lorsque le sevrage tabagique échoue à de nombreuses reprises, le passage à des produits moins nocifs devrait se traduire par des avantages pour de nombreux fumeurs. La nicotine a certes un potentiel de dépendance, mais elle joue un rôle mineur dans la mortalité liée au tabagisme.

Quid des produits alternatifs ?

Ces dernières années, explique l’association, de plus en plus d’organismes réglementaires envisagent d’autoriser la mise en vente de produits alternatifs au tabac ayant un risque potentiellement moindre et pour lesquels des indications précises sont mises à disposition. « Pourtant, nous devons reconnaître que le débat sur la réduction des risques liés au tabac n’en est qu’à ses débuts et que davantage de recherches et de publications sont nécessaires pour sensibiliser aux connaissances existantes, générer davantage de données et créer davantage de possibilités d’éducation pour les experts en politique de santé, les autorités de réglementation et le grand public ».

Il s’agit là de démarches nécessaires pour explorer correctement les avantages de cette approche, tout en répondant de manière adéquate aux soucis tels que le tabagisme continu et la dépendance à la nicotine, ainsi que l’adoption potentielle de cette consommation par des jeunes et des personnes n’ayant jamais fumé. C’est bien un objectif de SCOHRE, ajoute SCOHRE.

« Il est nécessaire de renforcer les efforts et de tirer parti de la solide expertise qui existe déjà dans de nombreux pays. C’est la raison pour laquelle nous avons créé SCOHRE, une association internationale d’experts indépendants en matière de contrôle du tabagisme et de réduction des risques, comprenant des scientifiques de tous les secteurs, des médecins, des experts politiques, des experts en comportement, des chercheurs universitaires et des spécialistes. SCOHRE mènera un dialogue ouvert et constructif afin de parvenir à une nouvelle approche plus ample des politiques de lutte contre le tabagisme ».

Chose importante, il est clairement indique que “SCOHRE ne recevra aucun financement, directement ou indirectement de l’industrie du tabac“.

L’association compte 22 membres fondateurs issus de 16 pays, et elle ambitionne de devenir un mouvement fort au service de la société entière. A noter qu’un Tunisien en fait partie, en la personne de Fares Mili, pneumologue, addictologue, président de la Société tunisienne de tabacologie et comportements addictifs (STTACA).