La séance plénière consacrée au vote de la motion de retrait de confiance au président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi prévue demain jeudi, continue à susciter le débat en milieu parlementaire et au sein des organisations de la société civile, notamment après la décision du bureau de l’ARP qu’elle se fera par un vote secret et sans discussion générale.
L’organisation Al Bawsala a estimé que le bureau de l’ARP aurait du opter pour un vote public et une discussion générale précédant le vote pour ce qui concerne la motion de retrait de confiance à Rached Ghannouchi. Le but étant, selon l’ONG, de consacrer la transparence de l’action parlementaire et pour que chaque partie assume, publiquement et clairement, sa responsabilité politique.
La décision prise lors de la dernière réunion du bureau de l’ARP de procéder à un vote secret et sans débat est une situation “inédite” au sein du parlement, a fait valoir l’ONG qui évoque “une ambiguïté” dans le règlement intérieur de l’ARP sur cette question.
Le parlement n’a pas justifié sa décision. Par conséquent, la compréhension des fondements juridiques de cette décision n’est pas sans difficultés, a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, Al Bawsala attire l’attention sur le fait que la composition de la commission chargée de superviser les opérations de vote n’est pas connue jusqu’à maintenant. La commission a été créée lors de la séance plénière inaugurale du parlement et pour tout le mandat parlementaire, a-t-elle fait remarquer.
De l’avis d’Al Bawsala, cette commission n’est pas autorisée à superviser l’opération de vote sur le retrait de confiance au président du parlement. L’ONG cite, pour ce faire, l’article 93 du règlement intérieur de l’ARP.
Ledit article concerne les compétences des commissions parlementaires spéciales. Il attribue à la commission de supervision des opérations de vote et décompte des voix, la charge “d’effectuer le décompte des voix lors de toutes les opérations d’élection sur les personnes effectuées par l’Assemblée ainsi que la supervision des opérations de vote à main levée”.
Pour sa part, le Collectif citoyen Soumoud (résistance) a appelé “les députés patriotiques à voter en faveur de la motion de retrait de confiance à Ghannouchi et à choisir, pour la présidence du parlement, une personnalité compétente qui rassemble, tout en plaçant l’intérêt suprême de la nation au-dessus des intérêts étriqués”. Une personnalité capable de restaurer la confiance entre citoyens et parlementaires, résume le collectif.
L’actuel mandat parlementaire est marqué par des alliances hybrides ayant conduit à l’élection du président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi à la tête de l’institution législative, rappelle le collectif. “Ce dernier s’est attelé, depuis, à mettre la main sur le parlement, à le faire dévier de son rôle tout en accumulant les erreurs”, a déploré le collectif.
Sur la scène parlementaire, le groupe démocratique, de la réforme et Tahya Tounes ont dénoncé les pressions exercées sur certains députés pour influencer le vote de la motion de retrait de confiance.
Ces groupes parlementaires, initiateurs de la motion, ont mis en garde contre les tentatives de faire échouer la plénière, tenant la présidence du parlement responsable du bon déroulement de la séance et du respect des dispositions du règlement intérieur de l’ARP.
Dans ce contexte, ces blocs parlementaires ont appelé les députés à faire preuve d’un comportement éthique et à faire prévaloir l’intérêt national en cette conjoncture délicate. Ils ont expliqué que la motion a été présentée en réaction aux nombreuses erreurs commises par Rached Ghannouchi ce qui a entravé à plusieurs reprises les travaux du parlement.
Ils ont insisté, dans ce sens, que la demande de retrait de confiance au président de l’ARP n’est pas motivée par des raisons idéologiques et ne vise aucune partie politique.
Le groupe al-Watania (11 députés) a affirmé, lui aussi, son soutien à la motion de retrait de confiance à Rached Ghannouchi. Il a rappelé, à cet égard, sa position désapprouvant “la mauvaise gestion des affaires du parlement, son faible rendement et l’absence de gouvernance; de manière contribuant à nuire à son image”. Pour lui, le bureau de l’ARP doit se conformer au règlement intérieur pour ce qui concerne le déroulement de la séance et respecter les procédures en vigueur pour le vote d’une motion.
Le bloc de la coalition al-Karama a annoncé, quant à lui, qu’il boycottera la séance plénière en question.
Représenté au parlement par 19 députés, le bloc al-Karama a affirmé que ses députés ne participeront pas part à cette séance plénière et ne voteront pas la motion de retrait de confiance, appelant “les élus honnêtes” à boycotter le vote.
Le bloc qualifie la motion de “purement politique” et d”‘injustifiable”, considérant qu’elle n’est autre qu’une tentative de “continuer une bataille engagée par le régime du président déchu Ben Ali avec une partie des Tunisiens représentant le groupe parlementaire le plus important”.
Réuni le 24 juillet courant, le bureau de l’ARP avait décidé de faire passer la motion de retrait de confiance au président du parlement en séance plénière le 30 juillet.
Il convient de rappeler l’adoption de la motion de retrait de confiance au président du parlement exige une majorité absolue des voix (109 sur un total de 217 députés), conformément les dispositions du règlement intérieur de l’ARP.