Tunisie : La désignation de Hichem Mechichi, un retour des compétences administratives à la tête de l’Etat (A.Hanachi)

La désignation de l’actuel ministre de l’intérieur Hichem Mechichi comme nouveau chef du gouvernement souligne la volonté du président de la République, Kaïs Saïed, de mettre en avant une compétence de l’administration tunisienne prônant la loyauté institutionnelle pour l’Etat tunisien, estime, samedi, le politologue Abdelatif Hanachi, dans un entretien à l’agence TAP.

La désignation de Hichem Mechichi, retour des compétences administratives à la tête de l’Etat

Indépendant et absent des listes des noms proposées par les partis, Hichem Mechichi incarne le retour à la nomination des compétences administratives à la tête de l’Etat, une tradition instaurée par l’ancien président Habib Bourguiba avec la désignation de Béhi Ladgham à la tête du gouvernement (1969-1970).

Selon Hanachi, la nomination de Hichem Mechichi embarrasse les partis qui ont voté pour lui comme ministre de l’intérieur au sein du gouvernement sortant d’Elyès Fakhfakh.

Les partis formant la coalition gouvernementale à savoir Ennahdha, le Courant démocratique, le mouvement Echaab et Tahya Tounes, ont voté pour Mechichi lors de la séance plénière consacrée au vote de confiance pour le gouvernement Fakhfakh, rappelle le politologue en signalant que seul le Courant démocratique a eu des réticences par rapport à la nomination de Mechichi à la tête du ministère de l’intérieur avant de changer de position et voter pour lui au sein du gouvernement Fakhfakh.

Le prochain gouvernement doit être un gouvernement de salut national

Pour faire face aux défis économique et social, le politologue appelle à la mise en place d’un gouvernement de salut national dont les principaux objectifs sont : le retour de l’équilibre des finances publiques, la relance de l’économie et l’amélioration du pouvoir d’achat des Tunisiens.

Le chargé de la composition du nouveau gouvernement Mechichi peut jouer un rôle central et rapprocher entre les différents partis de la scène politique, estime Hanachi.

Evoquant les personnalités qui composeront le nouveau gouvernement, le politologue mentionne que le choix des personnalités doit s’appuyer essentiellement sur le programme proposé ainsi que leurs intégrité et compétences.

Dans ce contexte, il invite à s’éloigner des hommes d’affaires et du secteur privé dans la nomination des postes ministériels afin d’éloigner la gestion de l’Etat des conflits d’intérêts.

Hanachi estime que l’UGTT a été mise au courant de la nomination de Méchichi avant l’annonce de celle ci, faisant allusion au rapprochement des positions entre la présidence de la République et la Centrale des travailleurs.

Parlant du scénario de la possibilité de la dissolution du parlement si le prochain gouvernement ne parvient pas à recevoir la motion de confiance, le politologue affirme que la crise politique actuelle fortifie la position du président de la République mais sans pour autant créer un changement radical dans la scène politique actuelle.

La dissolution du parlement consolidera la scène politique actuelle avec la possibilité de la montée du Parti Destourien Libre (PDL), ajoute le politologue en soulignant que le contexte national et international actuel nécessite la réussite des efforts pour la composition d’un gouvernement stable, à la lumière des retombées liées régionalement à la guerre en Lybie.