Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a estimé que l’interrogatoire des journalistes par les brigades sécuritaires est une pratique qui s’inscrit dans le cadre du harcèlement et perturbe le rôle social des journalistes et des médias de diffuser l’information et d’éclairer l’opinion publique.
L’équipe de travail du documentaire “chambres noires”, diffusé dans l’émission “Point d’interrogation” sur la chaîne privée Tounesna a été entendue par la 3e brigade centrale des recherches de la Garde nationale d’El Aouina. Un interrogatoire qui intervient à la suite d’une plainte déposée par un policier qui avait rédigé le procès-verbal de la saisie des documents et équipements au domicile de Mustapha Kedher, un des suspects dans l’affaire de “l’appareil secret du mouvement Ennahdha”.
Le syndicat a appelé, mardi, dans une déclaration, le Conseil supérieur de la magistrature ainsi que le ministère de la Justice à confier les actions en justice intentées contre les journalistes exclusivement aux substituts de procureurs de la République.
Et le SNJT de préciser “la publication de documents judiciaires dans un reportage, après avoir été exposés lors d’audiences publiques, ne peut être une introduction pour incriminer le traitement médiatique de ces données.
Selon le syndicat, le traitement d’informations qui ont été relayées sur les réseaux sociaux et publiées à plusieurs reprises dans les médias nationaux et internationaux “ne peut pas être un prétexte pour lancer une action en justice”.
Ledit policier avait déposé une plainte, en novembre 2019, après la diffusion d’un documentaire qui a dévoilé son identité dans le procès-verbal de saisie, jugeant que cela était de nature à l’exposer à des menaces pouvant nuire à sa famille et à sa réputation.
Le SNJT rappelle que le collectif de défense de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi avait rendu public le procès-verbal de saisie sans dissimuler l’identité dudit policier, lors d’une conférence de presse le 2 octobre 2018 et distribué un dossier de presse à plus de 600 journalistes.
Le Décret-loi n°2011-115 du 2 novembre 2011 relatif à la liberté de la presse, de l’imprimerie et de l’édition (Art. 61) stipule qu'”il est interdit de publier des documents relatifs à l’instruction avant de les avoir exposés en audience publique”, rappelle le SNJT, expliquant que la publication de documents après leur exposition en audience publique n’est pas puni par la loi.