Des députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) rejetant l’équipe proposée par le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, ont été unanimes à remettre en question l’indépendance de ce gouvernement comme l’avait promis Jemli.
Intervenant, vendredi, lors de la séance plénière consacrée au vote de confiance au gouvernement proposé, les députés ont estimé que certains ministres dont les noms figurent sur la liste de l’équipe gouvernementale appartiennent au mouvement Ennahdha.
Ils ont considéré que Jemli aurait mieux fait de révéler, aux partis et au peuple tunisien, la vraie couleur politique de son cabinet proposé, pointant du doigt les suspicions de corruption qui pèsent sur certains membres du gouvernement et le niveau d’étude d’autres membres.
Il est inadmissible que Jemli insiste sur l’indépendance des membres de son gouvernement alors que lui même est désigné par le mouvement Ennahdha, a déclaré le député du bloc Tahya Tounes, Mabrouk Korchid.
Korchid a également critiqué les déclarations de Habib Jemli qui a dit compter sur des divisions au sein des blocs parlementaires pour faire passer son gouvernement, estimant que ces déclarations sont une “atteinte inacceptable à l’éthique politique”.
De son côté, le député du bloc démocratique, Zouheir Maghzaoui a estimé que le gouvernement proposé “est tombé au plus bas”.
Si le gouvernement Jemli passe, on saura qu’on est revenu aux méthodes de l’achat des voix, a-t-il soutenu.
Maghzaoui a imputé la responsabilité du temps perdu au mouvement Ennahdha et à son candidat à la primature, affirmant que le mouvement Echaâb et le Courant démocrate ne sont pas à l’origine du retard pris dans la formation du gouvernement comme essaient de le faire croire Jemli et derrière lui Ennahdha.
La présidente du bloc du Parti destourien libre, Abir Moussi a rappelé que son parti a refusé l’invitation du chef du gouvernement désigné, à participer aux concertations pour la formation du gouvernement, “partant de la conviction que les mêmes causes produisent les mêmes effets”.
Les concertations menées pour la formation du gouvernement proposé ont duré deux mois, il en ressort un gouvernement en surnombre qui ne respecte pas la représentativité des régions et des secteurs ni le principe de parité entre les deux sexes ou encore les différentes catégories d’âge, a-t-elle déploré.
“On ne peut pas réaliser de bons résultats avec des ministres incompétents”, a ajouté Moussi, soulignant que ce gouvernement ne dispose pas d’un budget suffisant pour tenir ses promesses.
Pour sa part, le député Said Jaziri (hors groupe) a indiqué qu’il est inadmissible de parler d’un gouvernement formé de compétences alors que trois ministres n’ont pas le bac.
Réagissant au discours de Habib Jemli, Jaziri a jugé que le chef du gouvernement désigné tient le même discours que Youssef Chahed, chef du gouvernement chargé des affaires courantes.
“Comment peut-on promettre prospérité et développement alors que le budget provient des impôts et de la dette”, a-t-il ironisé.
Chokri Dhouibi, député indépendant a critiqué, quant à lui, la nomination du magistrat Imed Derouiche à la tête du ministère de la Défense nationale.
“Je me rappelle bien du verdict injuste prononcé par le ministre de la Défense proposé, contre la Ligue tunisienne des droits de l’Homme à l’époque du président déchu, et j’aurais souhaité que Imed Derouiche ait le courage de s’excuser”, a-t-il lancé.
Les travaux de la séance plénière consacrée au vote de confiance au gouvernement Habib Jemli se poursuivent cet après-midi.