L’harcèlement fait aux femmes, les maux du temps moderne, la condition de l’ouvrier et du migrant clandestin, tels sont les principaux sujets explorés dans les courts-métrages documentaires projetés, mercredi, au Théâtre des régions (Cité de la Culture), dans le cadre de la compétition officielle des Journées Cinématographiques de Carthage 2019.
“E’sitar” de l’algérienne Kahina Zina Benghouba un film d’atelier où la réalisatrice explore les conditions du corps féminin dans son pays, la relation entre extérieur et intérieur entre le dedans et le dehors. “E’sitar” (le rideau) symbolise ce tissu censé protéger les femmes du regard extérieur mais qui est incapable de les défendre au moment où elles sont dans l’espace public. Durant ce court documentaire, la réalisatrice explore les stratégies de lutte des femmes contre l’harcèlement des hommes et leur violence verbale et physique. Mêlant sa propre expérience à celles des femmes au destin tragique comme Amira Mrabet brûlée vive en août 2016 car elle a refusé les avances de son agresseur et celle de Razika Chérif écrasée par l’homme qui la harcelait et auquel elle refusait de répondre, Kahina Zina Benghouba met en scène la colère des femmes face au diktat des hommes en soulignant leur résistance et leur combat pour occuper l’espace public et imposer le respect.
“Pacific” c’est le nom de la tour où elle habite la réalisatrice libanaise Angie Obeid à Bruxelles. Dans ce documentaire, la réalisatrice s’interroge sur les raisons de l’appellation de la tour “Pacific” la “tour des suicidés”. A travers un voyage dans les étages et les halls dans la tour où habite 1200 personnes, Angie Obeid donne la voix aux locataires pour exprimer leur détresse, leur solitude ou leur peur dans un monde mondialisé où les relations humaines se perdent au profit de l’individualisme.
Explorant les transformations faites par l’homme sur la nature, le film expérimental de Younes Ben Slimane “All come from dust” de Younes Ben Slimane met la lumière en silence sur les gestes ancestraux d’un ouvrier dans une carrière d’extraction d’argile.
Dans un squat intitulé ironiquement “5 étoiles” situé à Lille (France), la sénégalaise Mame Woury Thioubou donne la parole dans son documentaire à des migrants clandestins. Dans ce documentaire de 20 minutes, les migrants retracent leur périple pour arriver à “la terre promise” la France. De l’espoir à la désillusion, les migrants subsahariens racontent un trajet périlleux pour arriver au continent européen, un continent qui les a colonisé pour ensuite les rejeter.