«Il faut que les autorités publiques, toutes les autorités publiques, gouvernementales, judiciaires et présidentielles trouvent une solution pour libérer ce candidat, parce que sinon nous allons avoir des problèmes extrêmement graves sur la validité de l’ensemble des élections étant donné que l’un des principes les plus fondamentaux de la participation électorale, celui de l’égalité entre les candidats, est rompu si jamais -j’espère que ça ne sera pas le cas- Nabil Karoui n’est pas libéré. Ce qui est condamné par le droit international et notamment par le Pacte des droits civils et politiques, par la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, et par toutes les conventions que la Tunisie a ratifiées et par lesquelles elle est liée. Il y a un sérieux risque de remise en question de la validité des élections».
Yadh Ben Achour ne croyait pas si bien dire dans cette déclaration accordée au journal Leaders. Ses mots ne sont pas tombés dans de sourdes oreilles !
De source bien informée, le parti Qalb Tounes aurait décidé de déposer des plaintes auprès de la Commission des Nations unies des droits de l’Homme à Genève, de l’Union africaine à Adis Abéba et du Parlement européen à Strasbourg avec lesquelles la Tunisie a signé des conventions.
Ces plaintes seraient déposées à l’encontre du chef du gouvernement, Youssef Chahed, de Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha, et des juges qui ont livré le mandat de dépôt qui a permis l’emprisonnement du candidat à l’élection présidentielle, Nabil Karoui.
Elles porteront sur les atteintes aux droits civiques et politiques des citoyens en violation des conventions internationales légalement ratifiées par la Tunisie, qui visent la protection des droits civiques et politiques des citoyens ainsi que sur l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
Rappelons à ce propos que les Nations unies se sont prononcées, par le biais de leur porte-parole, de manière très diplomatique à propos du déroulement des élections en cours dans notre pays ; pratique qui n’est pas courante chez la plus haute instance internationale au monde.
Dans le communiqué, nous pouvons lire : «Nous prions instamment tous les concernés à garantir l’égalité des chances pour tous les candidats, dans le plein respect du droit tunisien et des prérogatives du pouvoir judiciaire».
Kaïs Saïed, qualifié pour le deuxième tour de la présidentielle, a, pour sa part, annoncé qu’il ne fera pas campagne, ce qui en soi même est une campagne.
Yadh Ben Achour s’était d’ailleurs demandé comment un candidat pouvait rentrer dans une compétition électorale au deuxième tour alors que son rival est emprisonné et qu’il y a donc une rupture manifeste de l’égalité des chances entre les candidats.