Législatives-Présidentielle 2019 : Les Tunisiens de France indécis mais enthousiastes

Pour qui voter lors de ces législatives auxquelles plus de 1500 listes électorales se présentent dans l’ensemble des circonscriptions ? Voici la question que la plupart des électeurs tunisiens se posent aujourd’hui, y-compris ceux résidant à l’extérieur du pays.

Cette incertitude qui marque le paysage politique en Tunisie depuis la révolution de 2011 a plus que jamais été illustrée par le résultat du premier tour de l’élection présidentielle, intercalée entre les deux scrutins, en retenant pour le second tour décisif un duel mettant aux prises un juriste constitutionnel austère, Kais Saied, et un homme d’affaires actuellement derrière les barreaux, Nabil Karoui.

Pour les Tunisiens de France ce trouble est bien perceptible d’autant que beaucoup d’entre eux ne suivent pas quotidiennement la vie politique en Tunisie.

Sondous, une femme d’affaires, a affirmé à la correspondante de la TAP à Paris qu’à la veille du scrutin législatif qui se déroule à l’étranger les 4, 5 et 6 octobre, elle ignore encore pour qui voter : “J’ai été très surprise par le 1er tour de la présidentielle, et avec le régime parlementaire qui existe en Tunisie tout devient plus compliqué. Car en fait, les législatives sont finalement plus importantes que la présidentielle et c’est très difficile de choisir entre des candidats dont on ne sait pas les alliances qu’ils vont nouer après le scrutin”.

Walid, étudiant, est néanmoins assez enthousiaste d’aller voter, car pour lui “les législatives sont le seul moyen permettant d’équilibrer la situation politique en Tunisie. Il faut voter et voter utile. D’autant que le résultat du 1er tour de la présidentielle a été une grande surprise pour les Tunisiens dans leur ensemble mais surtout pour les partis politiques et les candidats aux législatives, ce qui a brouillé toutes les cartes”.

Pour nombre de candidats aux législatives, le 1er tour de la présidentielle a été un choc, et pour certains autres il marque la fin de l’establishment en place, mais pour quasiment tous, les hommes politiques doivent en premier en tirer la leçon.

Tête de liste du pari Ettakatol France Nord, Hella Ben Youssef Ouardani nous a affirmé: “Ce résultat est un cri du peuple tunisien après 8 ans de révolution, voire même la nouvelle révolution d’un peuple qui rejette complètement ceux qui l’ont gouverné et n’ont pas répondu à ses attentes. Ce qui nous a encore plus incité à mener notre campagne électorale avec un grand sérieux, malgré les difficultés. En effet, il faut suivre le peuple et être à son écoute. Aussi nous n’avons pas appelé à soutenir l’un des deux candidats à la présidence, car il faut arrêter de mettre le peuple sous tutelle et plutôt lui faire confiance. Je ne suis pas inquiète pour l’avenir de la Tunisie”.

Quant à Mokhtar Zaghdoud, tête de liste Tounes Okhra de France 1, il affirme que sa liste a bien travaillé pendant la campagne électorale car elle croit fermement à la justesse de son programme. “Aussi nous espérons que notre diaspora fera le bon choix en choisissant ceux qui défendent ses intérêts. Chez les Tunisiens de l’étranger, il y a un grand désenchantement envers ces députés qui n’ont pas tenu à leurs promesses. Les électeurs ne veulent plus qu’on leur présente des chimères.

D’ailleurs nous soutenons le candidat Kaïs Saïed, c’est un ami très proche. Pour moi, le résultat du 1er tour de la présidentielle est une réussite pour la démocratie et la Révolution”, a-t-il ajouté.

Yassine Mrabet, candidat de la liste “Amel Et Aamel” de France Nord, est optimiste quant à l’avenir des indépendants. Il pense que l’émergence de Kaïs Saïd en est la preuve. “En tant que mouvement indépendant on se retrouve dans le profil de Kaïs Saïd puisqu’il est indépendant comme nous, loin de l’ancien régime et de toute corruption. Notre premier député Yassine Ayari est notre tête de liste”, a-t-il affirmé.

Sur les 217 parlementaires, les Tunisiens à l’étranger ont 18 représentants, dont 8 pour la diaspora de France.