La création de la banque des régions, l’instauration de zones franches aux frontières avec la Libye et l’Algérie, pour réduire le commerce parallèle et la construction de nouveaux barrages et stations de dessalement de l’eau de mer, constituent les principaux axes du programme économique de parti “Nidaa Tounes” pour les législatives 2019, a indiqué le directeur exécutif du mouvement, Khaled Chawket, dans une interview à l’Agence TAP.
Nidaa Tounes qui se veut un mouvement centriste social-démocrate, sera présent dans 33 circonscriptions, pour les prochaines législatives prévues le 6 octobre 2019.
C’est feu Béji Caïd Essebsi qui a crée ce parti en 2012 et qui l’a présidé jusqu’en 2014, date de sa démission de ses responsabilités partisanes, après son élection à la présidence de la République.
Le mouvement a connu depuis, des conflits internes incessants entre adeptes et opposants à l’alliance avec Ennahdha.
La crise s’est accentuée avec la nomination de Hafed Caïd Essebsi, fils de BCE, au poste de directeur exécutif du mouvement.
Une série de scissions a suivi cette nomination qualifiée de “succession dynastique”, avec le départ de plusieurs dirigeants de Nidaa Tounes.
Quel modèle économique préconise Nidaa Tounes notamment, pour réduire les disparités régionales ?
Le nouveau modèle économique du mouvement Nidaa Tounes pour réduire les disparités régionales repose sur trois approches principales : La première approche consiste à parachever le projet de la décentralisation élargie, car nous considérons que les collectivités locales (municipalités, régions et districts) ne constituent pas simplement, des unités administratives mais aussi, des unités de développement économique et social, visant une meilleure exploitation des ressources et un renforcement du développement national, selon un schéma ascendant de la base vers le sommet.
La deuxième approche est celle de la mise en œuvre de la discrimination positive au profit des zones défavorisées, en mettant en place le projet de la banque des régions qui n’a pas encore, vu le jour, malgré sa capacité à débloquer des centaines de projets et à favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’hommes d’affaires dans les régions intérieures.
La troisième approche consiste à rétablir la politique de planification. Le mouvement Nidaa Tounes a contribué à l’élaboration du premier plan quinquennal de développement post-révolution (2016-2020) (gouvernement de Habib Essid) et nous espérons contribuer à l’élaboration du plan quinquennal 2021-2025, sur une base participative.
Quel programme proposez-vous pour lutter contre la pauvreté et par quels financements ?
Pour lutter contre la pauvreté, Nidaa Tounes œuvrera à créer davantage de postes d’emploi dans les régions pauvres et les périphéries des grandes villes, à travers le rétablissement de la politique de planification, l’activation des lois relatives à l’investissement et aux PPP et la promotion de l’économie sociale et solidaire.
Le mouvement ouvrera également, à réformer radicalement et structurellement les caisses sociales, ce qui garantira des services de qualité au profit des catégories vulnérables.
Quelles propositions avez-vous pour résoudre la question de l’endettement de l’Etat tunisien et lutter contre l’économie parallèle ?
La Tunisie ne pourra surmonter le problème de l’endettement, surtout extérieur, qu’à travers la mise en place de deux dispositifs principaux, à savoir la signature d’un contrat social regroupant toutes les parties politiques, économiques et syndicales concernées.
Lequel contrat permettra de valoriser les compétences tunisiennes, ainsi que de promouvoir l’exportation, tout en donnant la priorité aux marchés prometteurs et en offrant plus d’avantages aux sociétés totalement ou partiellement exportatrices.
La lutte contre l’économie parallèle nécessite la réalisation des sept projets de zones franches avec l’Algérie et la Libye, ainsi que l’élargissement de l’assiette fiscale, pour inciter les commerçants informels à adhérer à l’économie légale, en s’inspirant d’expérience réussies, à l’instar de l’expérience brésilienne.
Que proposez-vous pour réduire l’inflation et améliorer le pouvoir d’achat du citoyen ?
Le parti de Nidaa Tounes compte faire face à l’inflation et améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, en encourageant les producteurs locaux et en protégeant les systèmes de production, notamment ceux relatifs à la garantie de la sécurité alimentaire nationale, et ce, en partenariat avec les représentants des différents secteurs d’activité.
Réduire l’inflation suppose, aussi, la protection et le contrôle des circuits de distribution et la sanction des spéculateurs, outre la rationalisation du système de subvention.
Quelles sont vos propositions pour résoudre le problème de l’approvisionnement en eau et relever les défis environnementaux croissants ?
Le parti de Nidaa Tounes estime que la résolution du problème de pénurie de l’eau en Tunisie, réside dans la construction de nouveaux barrages et lacs culinaires.
Il est impératif, aussi, de tenir compte des changements climatiques, à l’origine des inondations survenues dans le nord-est et au sahel, durant ces dernières années.
Pour ce qui est du problème d’approvisionnement en eau potable, il est indispensable de construire de nouvelles stations de dessalement de l’eau de mer, en mobilisant les énergies renouvelables, à l’instar de l’énergie solaire, ainsi que de procéder au forage de nouveaux puits artésiens dans les régions sahariennes, qui disposent d’une riche nappe phréatique.
Nidaa Tounes considère aussi, que la résolution de problèmes environnementaux est tributaire d’une application rigoureuse des lois, surtout celles qui ont été promulguées ces dernières années, sans être appliquées.
Traduction de Samia Boukhatem et Imen Gharb