L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a rendu hommage, ce mercredi, à la mémoire du président Béji Caïd Essebsi, décédé, jeudi dernier.
Au début, seuls les présidents du groupe parlementaire étaient appelés à intervenir, ce qui a fait régner un climat de légère tension à l’intérieur de l’hémicycle.
Les députés de Nidaa Tounes ont contesté le fait de ne pas pouvoir intervenir pour exprimer leurs sentiments et saluer la mémoire du président fondateur de leur parti.
La députée Rym Mahjoub a dénoncé l’absence de femmes sur la liste des intervenants, alors qu’”un million à voter pour lui lors de la présidentielle de 2014″.
Le président du parlement par intérim, Abdelfattah Mourou, a expliqué que la décision de donner la parole uniquement aux présidents des blocs parlementaires “revient au bureau de l’ARP”. “Il ne s’agit pas d’une décision personnelle”, a-t-il dit.
Les présidents des blocs parlementaires qui ont été unanimes à mettre en exergue la sagesse de feu Caïd Essebsi et son esprit rassembleur.
Noureddine Bhiri, président du mouvement Ennahdha a fait observer, dans son intervention que Caïd Essebsi “a su faire face aux pressions et aux tentatives de saper l’unité nationale et de rejeter le pluralisme et la diversité”.
Et d’ajouter, “nous venons de perdre un militant, un homme d’Etat et un partenaire de la vie politique qui a contribué au renforcement de la paix sociale et à l’impulsion du processus d’édification démocratique”.
Le président du groupe de la Coalition nationale Mustapha Ben Ahmed a, de son côté, indiqué que dans le domaine politique, Béji Caïd Essebsi était et restera une référence.
“Nous avons été privés d’organiser des obsèques qui conviennent au Leader Bourguiba et voila que l’histoire le réhabilite aujourd’hui à travers les obsèques de Béji Caïd Essebsi”.
Fadhel Omrane (Nidaa Tounès), a mis l’accent sur le rôle du défunt président dans le maintien de la paix sociale, saluant son extraordinaire capacité de gérer la différence.
“La question de l’accès par filiation au pouvoir, utilisée par plusieurs acteurs politiques contre Béji Caïd Essbesi l’a beaucoup affectée au même titre que ceux qu’il considérait comme leurs fils et qui l’ont trahis”, a-t-il regretté.
La députée Leila Hamrouni (Tahya Tounès) a estimé, pour sa part, que “être en désaccord avec Béji Caïd Essebsi, ne constitue pas une trahison, rappelant que lui aussi a eu des divergences avec Habib Bourguiba à la suite desquelles il a quitté le parti”.
Hssouna Nasfi, président du groupe Al Horra Machrou Tounès a fait observer que par sa longue expérience et sa perspicacité, Caïd Essebsi est parvenu à réunir autour de lui tous les courants malgré leurs divergences.
Le député du Front populaire Haykal Belgacem, a relevé que le Front reconnait en le défunt président, l’exercice démocratique du pouvoir, notant que le jour de la célébration de la fête de la République qui a coïncidé avec son décès, a connu une passation pacifique du pouvoir, loin de la logique du coup d’Etat, rejetant toutes les rumeurs qui ont circulé à ce sujet.
Le président du groupe “Allégeance à la patrie” Riadh Jaidane a fait remarquer que le président Caïd Essebsi est devenu après sa mort un leader.
Le député Salem Labyadh (groupe démocrate) a estimé que la révolution du 17 décembre/14 janvier a rendu justice à Caïd Essebsi en le propulsant d’abord à la tête du gouvernement ensuite à la magistrature suprême.
Il a souligné l’importance de mettre en valeur le rôle du défunt président dans la transition démocratique au delà des divergences politiques.
Le député Ammar Amroussia (hors groupe) qui a tenu à souligner que dans un contexte de mort et de deuil il n ya pas de place aux conflits politiques, a insisté sur l’attachement à la constitution et à l’action de la société civile pour poursuivre le processus.