Le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) Mohamed Ennaceur a indiqué mardi que “l’expérience démocratique en Tunisie est visée et fait l’objet de menaces”.
Il a ajouté que la demande faite par plusieurs groupes parlementaires pour mener une enquête sur ce qui s’est passé jeudi dernier au parlement sera examinée lors de la prochaine réunion du bureau de l’ARP.
Le président de l’ARP avait présidé, jeudi 27 juin 2019, une réunion d’urgence au Bardo avec les présidents des groupes parlementaires. La réunion s’est tenue à la demande de plusieurs députés pour débattre de la situation générale du pays à la suite des attentats-suicides survenus le jour même à la capitale.
Mohamed Ennaceur s’exprimait ce mardi au début d’une séance plénière consacrée initialement à l’adoption d’un projet de loi et à l’élection des membres de l’instance de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption.
“L’expérience démocratique tunisienne n’est pas acceptée par plusieurs pays et le processus démocratique est menacé”, a insisté Mohamed Ennaceur qui est intervenu après les présidents des groupes parlementaires. Au début de la séance plénière, ces derniers ont évoqué la situation générale du pays après les attaques terroristes survenues jeudi dernier et la maladie du président de la République nécessitant son admission à l’hôpital militaire de Tunis.
Pour le président de l’ARP, il incombe à l’institution législative à la fin de son mandat parlementaire 2015-2019 d’installer les instances constitutionnelles indépendamment des différends entre les groupes parlementaires.
De leur côté, les représentants des groupes parlementaires ont condamné les opérations terroristes survenues jeudi dernier, rendant hommage au policier, Mehdi Zammali tué lors d’un attentat-suicide perpétré par un kamikaze qui s’est fait exploser devant une voiture de police déployée à l’Avenue de France en plein centre-ville. Les députés ont récité la Fatiha à la mémoire de l’agent de la police municipale.
La plupart des représentants des blocs parlementaires ont appelé à la nécessité pour le parlement d’ouvrir une enquête sur ce qui a été qualifié jeudi dernier de “complot” parlementaire ou d’une “tentative de complot”.
Le député Mustapha Ben Ahmed (Coalition nationale) a demandé à ce que chaque partie assume sa part de responsabilité. “Notre bloc n’a absolument rien à voir avec tout cela. Le contraire n’est que mensonge”, a-t-il lancé.
Pour sa part, Hassouna Nasfi (Al-Horra- Machrou Tounes) a demandé au pouvoir judiciaire d’enquêter sur toutes les publications postées sur les réseaux sociaux pour semer la discorde et propager des mensonges. Selon lui chaque partie doit assumer ses responsabilités.
Le député Salem Labiadh (Bloc démocratique) a estimé, quant à lui, que la crise provoquée à propos de l’état de santé du président de la République a montré “la fragilité du paysage politique en Tunisie”. D’après lui, “ce sont les institutions du pouvoir qui ont propagé les rumeurs sur la mort du président”.
Noureddine Ben Achour (Bloc Allégeance à la patrie) a condamné “ceux qui ont propagé des rumeurs et ont voulu faire basculer le pays dans une spirale dangereuse”, affirmant le soutien de son bloc à l’ouverture d’une enquête parlementaire à ce sujet.
Le député Haykel Ben Belgacem (Front populaire) a rappelé que son bloc avait demandé de débattre au cours d’une séance plénière des informations relayées à propos d’un “complot constitutionnel” et “d’une vacance provisoire ou définitive dans le poste du président de la République”. Le bloc FP appelle à la création d’une commission parlementaire dans ce sens et à l’ouverture d’une enquête sérieuse, insiste-t-il.
Fayçal Tebbini (hors groupe parlementaire) s’est interrogé sur ceux à qui profite la rumeur concernant la mort du chef de l’Etat et le vide constitutionnel. “Ceux qui ont lancé les rumeurs, sont des hypocrites. Ceux-là mêmes qui ont comploté contre lui et l’ont abandonné par la suite”, a-t-il tancé. Pour lui une enquête sérieuse doit être ouverte à ce sujet.
Le président du bloc d’Ennahdha, Noureddine Bhiri a estimé que les rumeurs diffusées par des acteurs politiques tunisiens, des journalistes et des chaînes arabes sur la mort du président et sur un certain “complot contre la légitimité” avaient pour dessein de “créer un climat de terreur et d’anarchie”.
De son côté, Sofiène Toubel, président du bloc de Nidaa Tounes, a salué “l’attitude des hommes d’Etat pour contrecarrer les rumeurs”, exprimant le soutien de son bloc à l’ouverture d’une enquête sur ce qui s’est passé jeudi dernier à l’ARP.
Le député Sahbi Ben Frej a prié le président du Parlement d’informer tous les députés sur ceux qui ont pris contact avec lui jeudi dernier et lui ont demandé de rejoindre en urgence le palais du Bardo, dénonçant “la diffamation dont ont fait l’objet certains députés”.