C’est beau les droits de l’Homme lorsque les opposants sont financés à coups de millions d’euros ou de dollars -tout dépend du donneur d’ordre- pour servir une cause « démocratique » cachant le nouveau colonialisme mondial, passant forcément par la globalisation !
C’est beau les droits de l’Homme lorsque l’on décrète que tous les terroristes et les détenus de droit commun doivent, sans exception, être libérés parce que, semble-t-il, le régime dictatorial les a emprisonnés injustement. Des amnistiés qui, par la grâce de la révolution tunisienne, ont soit rejoint l’administration -l’empoisonnant par leur passé criminel-, soit les rangs de Daech en Syrie, en Irak et en Libye, ou encore les montagnes tunisiennes y perpétrant des crimes atroces.
Ces criminels de grande envergure ont bénéficié de la compassion et de la compréhension des droits-hommistes tunisiens et d’une grande partie de son leadership politique et médiatique, mais pas Zohra Djilani, dont le tort, son seul tort, est d’être l’épouse de Belhassan Trabelsi et la mère de ses 4 enfants.
Zohra Djilani -mais ses enfants aussi-, classée sur la “liste de la honte“ à la manière nazie au lendemain d’une prétendue révolution et pour satisfaire à la haine et à la vindicte d’une foule vengeresse, mérite-t-elle un exil de 9 ans dans un pays où elle est traitée comme un paria ? Doit-elle être jugée et condamnée parce qu’acculée à suivre son mari quoique nous puissions tous penser de lui ? Ses enfants mineurs à l’époque où la fameuse révolution a été perpétrée doivent-ils payer des « crimes » du père ?
Belhassan Trabelsi, que je ne veux nullement défendre, est-il plus dangereux qu’Al Capone ? Que Stefano Bontade ou pire que le parrain Toto Riina qui a ordonné l’exécution du juge Falcone ? Ninetta Bagarella, son épouse, n’a pourtant pas été arrêtée ou exilée, cette institutrice mère de 4 enfants, avait écrit une lettre ouverte publiée par le grand quotidien La Repubblica où elle disait : «J’ai décidé d’ouvrir mon cœur débordant de tristesse (…). Mes enfants sont innocents. Ils ont été élevés dans le respect de la famille et des institutions véritables».
La cour de cassation italienne a décidé, en 2015, qu’elle n’était pas obligée -étant la femme d’un mafieux- de divorcer pour obtenir “un certificat de bonne conduite“ indispensable pour diverses formalités administratives.
Il serait étonnant que Zohra Djilani a élevé ses enfants dans le culte de la corruption (sic) !
Les « révolutions » des pays sous-développés doivent-elles être aussi sous-développées que les régimes en place ? Parce qu’en Algérie, suite à la chute du régime Bouteflika, on arrête, on juge et ensuite on confisque. On ne fabrique pas des listes familiales. On ne l’a pas fait après la chute du mur de Berlin du temps de l’ancienne Union soviétique, où on n’a même pas dissous le parti communiste. On n’a pas arrêté les agents de la STASI de l’ancienne Allemagne de l’Est, et la chancelière allemande, Angela Merkel, est une ressortissante de l’Allemagne de l’Est !
Quant à Nelson Mandela, ce grand homme, il a pardonné à ses tortionnaires les sévices qu’il a subis et qui ont été subis par son peuple tout au long du règne de l’apartheid. Parce que ces gens-là sont des hommes et des femmes d’Etat, ce ne sont pas les mercenaires des révolutions fabriquées de toutes pièces.
Ne pardonnez pas mais ne prenez pas en otages vos compatriotes
Mais nous n’irons pas jusqu’à demander aux armées de la haine de la « révolution tunisienne » de pardonner. Tout ce que nous leur demandons, c’est de rendre justice et d’arrêter de prendre en otage des citoyens tunisiens qui ont autant de droits que d’autres parce que l’appareil judiciaire est politisé et que l’opinion publique est orientée par des brigades de réseaux sociaux à la solde et dénuée de tout sentiment humain !
La « révolution tunisienne », sacralisée et dont les fomenteurs n’arrêtent pas de citer les louanges, est-elle une révolution libératrice, fondatrice d’une nouvelle ère de justice et de bien-être ou se veut-elle une reproduction de l’ancien régime en pire, dans une version fasciste et sanguinaire ? Veut-elle être la terreur rouge made in révolution bolchévique pour nos compatriotes pour cause d’arrestations systématiques et de jugements hâtifs et injustes ? Veut-elle être la révolution des règlements de comptes ou celle de l’affranchissement du peuple vers des lendemains meilleurs ?
Parce qu’à ce jour, les seuls faits d’armes de cette révolution se résument, en grande partie, à des milliers d’arrestations, à des jugements basés sur le délit de faciès, à des dossiers montés de toutes pièces et dont la délation, la haine et la vindicte font office de preuves.
Ceci dans le silence assourdissant de tous les militants des droits de l’homme et des médias qui défendent le droit à la vie des violeurs et des terroristes tueurs et non pas le droit d’une mère de vivre avec ses enfants dans son pays et d’un père éploré qui ne peut ni voir sa fille parce que le gouvernement démocrate et juste de Justin Trudeau lui refuse le visa ni la recevoir dans son pays.
Y a-t-il un article de loi pénalisant les mariages avec les corrompus, mafieux ou même criminels ? Auquel cas, nous verrons des milliers de femmes et d’enfants tunisiens partir en exil ou rejoindre leur époux et pères dans les prisons.
Un Etat qui ne se soucie pas de l’injustice et de la partialité de ses décisions et des mesures prises d’un gouvernement à l’autre sur ses citoyens , mérite-t-l leur confiance?
Un Etat où le président de la République gracie chaque fête nationale et religieuse des prisonniers de droit commun mais est incapable de faire sortir une mère et ses enfants d’une liste prison, peut-il être considéré comme démocrate ?
Youssef Chahed et son gouvernement auront-ils le courage de revoir la liste de la honte et de libérer Zohra Djilani et ses enfants et d’agir en tant qu’hommes d’Etat et non en esclaves du populisme ambiant où les termes valeurs et humanité sont inexistants ?
Quant au Canada, son attitude envers Zohra Djilani et ses enfants reflète en quelque sorte le mépris de l’Etat tunisien envers ses ressortissants. Il montre que dans un pays qui se veut pionnier dans tout ce qui se rapporte aux droits de l’homme, la réalité devient autre dès que les raisons politiciennes ont voix sur le chapitre ! La démocratie, c’est aussi le courage de rendre justice mais si l’on doit naviguer à contre courant!
Lorsque le pouvoir de la haine devient plus fort que celui de la justice et de l’équité, c’est là où il vaut mieux dire adieu à notre humanité. Lorsque les prétendus défenseurs des droits de l’Homme prennent leurs distances avec les droits fondamentaux dont doit bénéficier tout être humain, alors disons adieu à la démocratie et à l’égalité.
Le silence des instances droit-hommistes et des médias est aussi coupable que la décision vengeresse de mettre des noms sur une liste non pas parce que nous voulons rendre justice au peuple mais parce que nous avons voulu régler nos comptes avec nos anciens rivaux dans la course à la présidentielle et que le soulèvement de jeunes appelant au travail et à la dignité nous en ont donné le prétexte et la justification !
Mais in fine, y a-t-il une dignité dans l’injustice ?
Amel Belhadj Ali