Tunisie : Les délégués à la protection de l’enfance ont reçu environ17 mille signalements en 2018

Les délégués à la protection de l’enfance sur l’ensemble du territoire ont reçu environ 17 mille signalements en 2018, concernant des cas de menaces pesant sur les enfants, soit une augmentation de 150 pour cent par rapport à 2010, lorsque le nombre de signalements s’est établit à 6970, a indiqué, jeudi, le président de l’association tunisiennes des délégués à la protection de l’enfance, Mohamed Khmira.

S’exprimant lors d’une séance d’audition des représentants de l’association tunisienne des délégués de protection de l’enfance, à la Commission des affaires de la femme, de l’enfance et des personnes âgées à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), Khmira a indiqué que le nombre de signalements parvenus aux délégués à la protection de l’enfance depuis 2017 a atteint 16158, qui ont été pris en charge par seulement 77 délégués, avec une moyenne de 209 signalements pour chaque délégué.

Il a ajouté que le manque enregistré au niveau des ressources humaines ainsi que les conditions de travail inappropriées aux niveaux administratif, logistique et structurel, entravent le travail des délégués à la protection de l’enfance et doit être “radicalement révisé”, selon ses dires.

Le président de l’association a estimé que le décret portant organisation du corps des délégués à la protection de l’enfance qui date de 1996, a été révisé deux fois seulement depuis cette date, et ne garantit pas les droits des délégués, notamment au niveau des promotions, compte tenu de la non existence de la catégorie troisième degré au rang de ces délégués, bien que l’expérience professionnelle de certains d’entre eux dépasse les 20 ans, tandis que le nombre de délégués de deuxième degré ne dépasse pas les 5 délégués, parmi 77.

Khmira a également souligné l’existence d’une “inflation législative injustifiée dans le domaine de l’enfance”, soulignant que de nombreuses lois relatives à la protection de l’enfance, ont été élaborées sans consultation des délégués à la protection de l’enfance, notant que la plupart de ces lois sont “caduques et nécessitent révision”.

Il a en outre indiqué que ce secteur connait de nombreuses difficultés dont l’insuffisance du nombre de délégués à la protection de l’enfance par rapport au nombre d’enfants et celui des signalements les concernant dans 13 gouvernorats, l’insuffisance du nombre des psychologues (9 psychologues pour 24 gouvernorats), l’absence d’experts sociaux dans les bureaux régionaux des délégués à la protection de l’enfance, l’exiguïté des bureaux des délégués et leur incapacité à accueillir les enfants et leurs familles, ainsi que des difficultés budgétaires.

Khmira a dans ce contexte dénoncé la recrudescence des agressions verbales et physiques à l’encontre des délégués à la protection de l’enfance, allant parfois jusqu’aux menaces de mort, faisant référence au délégué de Sidi Bouzid “pour qui une protection sécuritaire a été procurée, suite aux menaces de mort qu’il a reçu, en réponse à l’incident de Regueb”, a-t-il indiqué.

Il a appelé à consacrer une autonomie effective pour les délégués à la protection de l’enfance, d’élargir leurs prérogatives, de leur assurer une meilleure protection, et d’instaurer une assise législative actualisée et des conditions de travail appropriées, suggérant de créer une instance autonome pour ce corps de métier qui serait rattachée à la présidence de la république, dans la mesure où l’enfance constitue un élément primordial en matière de sûreté nationale.

Pour sa part, la député du parti Ennahdha, Hayet Amri, a appelé à assurer l’indépendance de ce secteur, à éviter sa subordination aux départements ministériels et à lui accorder l’importance nécessaire de la part de la présidence du gouvernement.

De son côté, la présidente de la Commission de la femme, de la famille, de l’enfance et des personnes âgées à l’ARP, Samah Damak, s’est engagée à contacter le ministère de tutelle au moyen d’une correspondance, demandant la non exclusion des délégués à la protection de l’enfance, des faits relatifs à leur travail et l’élaboration d’initiatives législatives pour promouvoir ce secteur.