Le Courant populaire a exécuté mardi un mouvement de protestation devant le Tribunal de première instance de Tunis, appelant à la révélation de la vérité sur l’assassinant de Mohamed Brahmi, à la lumière des nouvelles données fournies par le Collectif de défense. Ce mouvement se tient le jour même de l’audience consacrée à la poursuite de l’examen de l’affaire Brahmi.
Dans une déclaration à l’agence TAP, Mbarka Aouania veuve de Mohamed Brahmi et députée à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a expliqué que cette action a pour objectif de pousser la Justice à assumer son rôle comme il se doit, rappelant que le collectif de défense dans l’affaire Chokri Belaid et Mohamed Brahmi avait présenté des milliers de documents et preuves comportant des photos et des séquences vidéo avec des dates, des numéros, des noms et des noms de lieux. Elle a fait observer que la Justice n’a pas pris en considération ces nouvelles données.
Pour la veuve de Mohamed Brahmi, l’Etat est complice dans l’assassinat ainsi que dans la non révélation de la vérité.
“Nous appelons à juger toutes les personnes impliquées dont, notamment, le mouvement Ennahdha qui est appelé à respecter le caractère civil de l’Etat”, a-t-elle lancé.
Selon le secrétaire général du Courant populaire Zouheir Hamdi, la Justice n’a pas traité avec tout le sérieux requis, les données révélées par le collectif de défense, en ce qui concerne, notamment, l’appareil secret du mouvement Ennahdha qui a infiltré toutes les institutions de l’Etat. Il a relevé que le terrorisme persistera tant que cet appareil ne sera pas démantelé.
Le député Haykal Belgacem (Front populaire) a souligné, de son côté, que le parlement est appelé, en tant que pouvoir de contrôle à interroger le gouvernement sur les dossiers relatifs au terrorisme suite aux nouvelles informations fournies par le Collectif de défense. Selon lui, les affaires en rapport avec le terrorisme à l’instar du dossier d’envoi des jeunes vers les zones de conflit et celui des assassinats font l’objet de manipulation sous couvert du “consensus politique” et “au dépens de l’intérêt de la patrie et du peuple”.
La 5e chambre pénale spécialisée dans les crimes terroristes au tribunal de première instance de Tunis avait décidé lors de l’audience en date du mois de mars 2018 le report de l’affaire Mohamed Brahmi au 30 octobre pour permettre au collectif de défense de rassembler les dossiers en un seul.
Selon Me Leila Haddad, membre du collectif, le tribunal avait choisi de diviser l’affaire Brahmi en plusieurs sous dossiers, à savoir, notamment, l’assassinat, la question de sécurité de l’aéroport, le dossier de renseignement parvenu au ministère de l’Intérieur et les personnes impliquées.
La Défense a également exigé de réécouter les anciens ministres de l’Intérieur Ali Laarayedh et Lotfi Ben Jeddou ainsi que certains responsables de la sécurité qui ont caché le document de renseignement prévenant l’assassinat, apprend-on de même source.
” Le comité de défense a également demandé de réécouter les agents qui ont lancé l’assaut contre le domicile d’un proche du terroriste, accusé de l’assassinat, Boubakr Al Hakim “, a-t-elle indiqué.
D’après, Me Haddad, la défense a également revendiqué la consultation d’un CD archivant la rencontre entre l’ancien ministre de l’Intérieur Ali Laarayedh et l’accusé Kamal Majri, qui avait dressé avec les dirigeants de l’organisation terroriste Ansar al-Sharia la liste des assassinats en Tunisie et qui regroupait entre autre, le nom de Mohamed Brahmi.
Le comité a également demandé de ré-auditionner l’unité sécuritaire qui a enregistré la rencontre entre les deux parties, surtout que l’accusé a refusé, lors de son interrogatoire, de faire des déclarations avant de rencontrer Laarayedh.
L’ancien député à l’Assemblée Nationale Constituante Mohammed Brahmi, 58 ans, a été assassiné devant son domicile le 25 juillet 2013, quelques mois, après l’assassinat de Chokri Belaid, 49 ans, ancien secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié.