Le Collectif de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi a appelé samedi le doyen des juges d’instruction près le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme à agir en urgence pour saisir les documents conservés dans la ” chambre noire ” du ministère de l’Intérieur, afin d’éviter toute tentative de destruction de ces documents ou de dissimulation des preuves confirmant l’existence d’un appareil secret appartenant au Mouvement Ennahdha.
Lors d’un point de presse organisé au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), il a également conjuré les hauts cadres du ministère de l’Intérieur de protéger le contenu de la ” chambre noire ” jusqu’à la restitution de ces documents à l’appareil judiciaire.
A ce propos, il a fait part de ses craintes que l’allocution prononcée aujourd’hui à Hammamet par le président du Mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi à l’occasion de l’ouverture de la deuxième conférence annuelle du Mouvement, soit porteuse de messages incitant à l’infiltration du ministère de l’Intérieur et à la destruction des documents.
Selon lui, les agents de la direction des archives au ministère de l’Intérieur sont confrontés aujourd’hui à des menaces exercées par l’appareil secret du Mouvement Ennahdha aux fins de mettre la main sur ces documents.
Déposés au ministère de l’Intérieur de façon illégale et sans autorisation judiciaire, ces documents ont été saisis sur instructions du directeur général des services spéciaux au ministère de l’Intérieur qui était alors Atef Omrani et du directeur général de la sûreté nationale, Walid Toujani, a-t-il souligné.
Ces documents, a-t-il expliqué, ont été transportés au ministère de l’Intérieur à bord de quatre voitures administratives du département du domicile du dénommé Mustapha Ben Khedr avant l’arrivée de la brigade spécialisée territorialement compétente dans la région d’El-Mourouj, à la suite d’une plainte déposée par la propriétaire du domicile.
Boubaker Laâbidi qui était alors à la tête de la direction des archives, avait refusé de prendre en charge les documents sans autorisation judiciaire, a-t-il ajouté. Accusé dans l’affaire du martyr Mohamed Brahmi, Walid Toujani avait fait pression sur Laâbidi pour accepter les documents, a-t-il poursuivi.
Le dépôt des documents de façon illégale, a-t-il enchaîné, avait aussi été dévoilé auparavant par le directeur des archives Kamel Guizani (succédant à Boubaker Laâbidi) qui s’était rendu compte que les documents ont été volés d’un dossier judiciaire et avait alerté les dirigeants au ministère de l’Intérieur après la réalisation d’un inventaire des documents et la rédaction de rapports à leur sujet.
Guizani avait proposé de restituer ces documents à l’appareil judiciaire et en avait informé le directeur général de la sûreté nationale Abderrahmane Haj Ali qui avait agit positivement avec le dossier et ordonné l’application de la loi, a-t-il encore indiqué.
Lors d’une conférence de presse, le Collectif de défense de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi avait dit détenir des informations compromettantes sur l’affaire d’assassinat des deux martyrs.
A ce propos, il avait fait état de l’existence d’une structure organisée responsable des deux assassinats politiques dont les ramifications se recoupent avec le Mouvement Ennahdha et dont certains membres occupent des postes au pouvoir.
Il avait également appelé le ministère de l’Intérieur à ouvrir la ” chambre noire ” en rapport avec l’assassinat des deux martyrs et à cesser de protéger la structure impliquée dans ces crimes et qui, selon lui, ” agissait sous la protection d’Ennadha en 2013 “.