Le président de la République Béji Caïd Essebsi a déclaré, dans une interview télévisée, dimanche soir, que la situation actuelle du pays est difficile et ne peut durer.
Si la situation persiste (…) le chef du gouvernement doit soit démissionner, soit solliciter, de nouveau, le vote de confiance du parlement, a-t-il dit dans une interview, enregistrée, accordée aux chaines de TV et de radio privées, respectivement Nessma TV et Mosaique FM.
Mosaique FM a refusé de diffuser l’interview sur ses ondes. Elle n’aurait pas, selon elle, pu avoir une copie intégrale de l’interview. Seul un montage de l’interview lui a été accordé par la chaine Nessma TV, a-t-elle précisé dimanche soir.
De son côté, la chaine Alhiwar Ettounsi TV a déclaré avoir décidé de ne pas diffuser l’interview, comme annoncé initialement, pour éviter des conflits politiques étriqués.
Aujourd’hui, a ajouté Caïd Essebsi, les Tunisiens ont plutôt besoin de voir des conditions favorables au rétablissement de la confiance entre gouvernants et gouvernés.
“On ne peut répondre aux aspirations des citoyens sans un gouvernement fort et d’institutions solides, loin de toute exclusion”. Nous ne voulons exclure personne, a-t-il relevé.
Ni le mouvement Ennahdha qui soutient le gouvernement, ni une quelconque autre partie.
Personnellement, je veux rassembler toutes les parties y compris Ennhadha, tout en poursuivant la démarche que j’ai adoptée depuis les élections de 2014.
“Le consensus n’est pas impossible, mais peut être difficile si chaque partie campe sur sa position”, a-t-il dit.
Tout le monde est aujourd’hui unanime à estimer que la situation actuelle s’est dégradée et ne peut plus durer. Il faudrait en sortir dans les plus brefs délais.
Sur la présidentielle de 2019, Caïd Essebsi a déclaré que la Constitution lui accorde le droit de se présenter à nouveau. “Les Tunisiens sauront si je compte me présenter ou pas au moment opportun, à l’ouverture du dépôt des candidatures”.
Je suis persuadée que cette question n’est pas la principale préoccupation des Tunisiens. Par contre, ce qui les préoccupe vraiment sont l’augmentation du taux de chômage et celui de la pauvreté.
Et d’ajouter : Aux gouvernants actuels qui pensent déjà à la présidentielle de 2019, je dirais qu’il faut d’abord travailler et de réussir avant tout.
Le plus important est de faire preuve de don de soi et de penser uniquement à réussir dans la mission actuelle.
Le président Caïd Essebsi a, par ailleurs, rappelé le rôle patriote de l’Union générale tunisienne du Travail (UGTT) et de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat.
A la question sur sa position sur les éventuelles contestations sociales que compte mener l’UGTT, le président s’est dit convaincu que la centrale syndicale ne peut mener des actions qui vont à l’encontre de l’intérêt du pays.
“L’UGTT est une organisation syndicale dirigée par des patriotes”, a-t-il dit.
Sur la crise de Nidaa Tounes, parti qu’il a créé en 2012, le président de la République a déclaré : “Il faut que certaines parties cessent de vouloir diviser Nidaa Tounes”.
Il ne faut exclure personne que ce soit au sein ou en dehors des partis, a-t-il dit.
A propos de l’opération terroriste survenue à Ain Soltane (gouvernorat de Jendouba), dimanche dernier, Béji Caïd Essebsi a indiqué que cet acte tragique a montré des failles qu’il faut corriger.
Sur de possibles liens entre cette opération et les dernières nominations opérées au sein du ministère de l’Intérieur, le président Caïd Essebsi a estimé qu’il aurait été plus sage d’éviter des changements à la tête de la direction de lutte antiterrorisme et de la sous-direction de renseignement.
Sur la révocation de l’ancien ministre de l’Intérieur par le chef du gouvernement, Caïd Essebsi a indiqué que Youssef Chahed l’avait informé de son intention de démettre Lotfi Brahem de ses fonctions.
Une révocation qui m’a personnellement surpris, a-t-il dit.
“Il était possible compte tenu de l’intérêt public de reporter la question et de procéder au changement à la tête de ce département dans le cadre d’un remaniement”.