La nécessité d’appuyer les initiatives publiques/privées dans le domaine culturel, tel est le principal appel lancé par les membres du jury du festival du Film de Gabès et ses invités, au cours de la conférence de presse tenue, dimanche, en marge des activités de la troisième édition du festival du Film de Gabès.
Le cinéaste syrien Mohammad Malas a appelé à la nécessité d’encourager la création des festivals dans les régions loin des capitales arabes citant l’exemple du festival du film de Gabès. Il a souligné que la relation entre l’homme d’affaires et la culture au Moyen Orient (hormis l’Egypte) demeure une relation bâtie sur la méfiance; une méfiance alimentée, selon Malas, par les pouvoirs politiques afin qu’ils puissent garder le monopole de la production cinématographique de la région.
Evoquant l’expérience égyptienne de l’homme d’affaire Naguib Sawiris et son apport pour la création du festival du Film d’El Gouna, le critique de cinéma égyptien Farouk Abd-Elkhalik a souligné l’importance de la création des festivals dans les régions loin des capitales. Il a, dans ce sens, expliqué que les festivals permettent de renforcer la visibilité des régions et de créer ainsi une dynamique économique et culturelle par le biais des manifestations culturelles.
Parlant d’un problème qui touche tout le continent africain à savoir le manque de salles de cinéma, le cinéaste sénégalais Moussa Touré a évoqué l’importance du privé dans l’impulsion de la culture cinéphile dans les pays africains.
Touré a, par ailleurs, appelé à une coopération culturelle entre les pays africains afin de mieux promouvoir les productions arabes et africaines. L’objectif étant de se soutenir mutuellement et de s’imposer sur la scène locale et internationale.
A ce sujet, Moussa Touré a révélé aux médias qu’il est actuellement en repérage pour tourner un film dans le sud de la Tunisie (Kébili). Il a, à cet égard, appelé les cinéastes africains à franchir les frontières de leurs pays pour tourner dans tout le continent africain à l’instar des américains ou des italiens qui ont fait du sud tunisien un plateau de tournage idéal.
De son côté, le cinéaste tunisien Habib Mestiri a tenu à saluer l’initiative des hommes d’affaires de Gabès dans l’impulsion de la culture dans leur région, incitant, dans ce sens, les institutions publiques à soutenir ces initiatives.
Le producteur français Daniel Ziskind a mis l’accent sur l’importance de l’investissement privé dans le secteur du cinéma en signalant que cet investissement doit s’ouvrir aux attentes d’un large public et non sur une élite.
Le cinéaste tunisien Ibrahim Letaief a rappelé, dans son intervention, que la réussite du festival du Film de Gabès réside dans un mélange atypique entre des capitaux privés, la société civile et une population assoiffée de culture. Il s’est interrogé dans ce contexte sur la manière de garder l’âme et le caractère populaire du festival tout en s’appuyant sur l’investissement du privé.
Tout en soulignant l’importance de trouver un équilibre entre l’argent et l’artistique pour garder l’âme du festival, le président du festival Mahmoud Jemni a fait savoir que le budget effectif du festival est seulement de 53 mille dinars reçu de la part du Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI), rappelant que le festival a reçu plusieurs promesses de dons y compris du ministère des affaires culturelles mais que jusqu’à maintenant rien n’a été concrétisé.