Près de 70% de la population tunisienne vit dans les villes

Environ 8 millions de Tunisiens sur une population estimée à 11 millions, vivent dans les villes, soit un taux d’urbanisation qui franchit la barre de 70%. D’après l’architecte, urbaniste et expert en planification et gestion des villes et territoire, Fethi Hassine, ce taux devrait atteindre, très probablement, 75% en 2030, soit 10 millions d’urbains sur une population totale de 13 millions.

“C’est-à-dire que ¾ de la population de la Tunisie, vit dans seulement 10% du territoire”, a expliqué l’urbaniste, qui intervenait à l’occasion de la Conférence nationale sur l’accélération de la mise en œuvre des programmes d’efficacité énergétique (du 5 au 6 avril 2018 à Tunis), “Cette concentration de la population dans le milieu urbain est accompagnée certainement par une grande consommation d’énergie, d’autant plus que cette portion du territoire concentre également 80% des activités économiques du pays”, a développé Hassine, appelant à exploiter la planification urbaine pour améliorer l’efficacité énergétique et à repenser les plans d’aménagement urbain pourqu’ils soient adaptés aux objectifs prévus en matière de maitrise de l’énergie.

D’après lui, des solutions existent pour atteindre ces objectifs. Il faut penser, par exemple, à rendre les distances à parcourir lors des déplacements dans les villes plus courtes et cohérentes. Chaque individu doit disposer d’un emploi et de services très proches de sa résidence et aussi de moyens de transport alternatifs (marche à pied, la bicyclette …).
Les villes tunisiennes, en particulier, les méga-cités, se caractérisent, aujourd’hui, par un étalement urbain excessif en dépit de la maitrise de la croissance démographique, estime l’expert.

A cet égard, il a cité l’exemple du Grand Tunis qui a vu sa population augmenter entre 2004 et 2014 à un rythme de 1,63% par an et sa tâche urbaine (surface consommée par l’habitat) évoluer à un rythme de 3,4% annuellement, et par conséquent, sa surface se multiplie par deux tous les 10 ans. La tâche urbaine du Grand Tunis, est passée par conséquent, de 5000 hectares (1956) à 10 mille hectares en 1975 et à près de 40 mille hectares en 2015.

“Le phénomène d’étalement risque fort de s’aggraver avec le processus de métropolisation (une concentration humaine, économique, financière, industrielle, etc.) qui s’est déclenché autour de grands métropoles (le Grand Tunis, Sousse, Monastir, le Grand Sfax, Nabeul, Hammamet, le Grand Gabès et autres), lequel se traduit forcément par l’allongement des distances à parcourir”, a-t-il prévenu.

A cet effet, l’urbaniste a recommandé de doter les agglomérations urbaines d’agences d’aménagement et d’urbanisme dans les conseils d’administration, constitueront de véritables autorités urbaines par la représentation aussi bien des conseils des collectivités territoriales concernées que les services déconcentrés de l’Etat et qui auront pour mission essentielle de développer une vision prospective à l’échelle supra communale.

Il s’agit également d’apporter l’expertise aux élus et aux équipes municipales, de veiller et de contrôler la bonne application des documents de planification urbaine.
Amal