Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a adressé mercredi une lettre ouverte aux trois présidents, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, le chef du gouvernement, Youssef Chahed et le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Mohamed Ennaceur.
Dans cette lettre ouverte, le syndicat exprime son inquiétude quant à la situation de la liberté de la presse et d’expression qui est “sous le joug d’une politique structurée fermement décidée à cibler et menacer les journalistes”.
Le SNJT a décidé de saisir le Rapporteur spécial des Nations Unies pour la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression pour l’informer de la situation actuelle, précisant qu’une demande sera formulée pour l’inviter en Tunisie afin de mener une enquête.
Selon le syndicat, la campagne menée contre les journalistes a été lancée suite à la déclaration de Béji Caïd Essebsi, le 13 janvier 2018, contre les journalistes de la presse internationale remettant en cause leur professionnalisme et leur impartialité.
“Les déclarations du président ont gravement porté atteinte aux journalistes”, estime le syndicat.
Par ailleurs, le SNJT fait mention de la déclaration faite le 29 janvier dernier par le ministre de l’Intérieur devant la commission de l’organisation de l’administration et des affaires des forces armées dans laquelle il a admis avoir mis sur écoute un journaliste lors des manifestations.
Le SNJT a, sur un autre plan, indiqué avoir reçu de nombreuses plaintes de journalistes concernant le retour de la surveillance de leurs résidences et leurs lieux de travail.
“Cette démarche contre les journalistes s’est traduite par des attaques graves, notamment des violences physiques, des menaces et des arrestations, lors de l’accomplissement de leur travail sur le terrain”, lit-on dans cette lettre ouverte.
Selon le syndicat, cette “politique anti-presse” a coïncidé avec les appels lancés par les autorités pour relancer l’Agence tunisienne de la communication extérieure (ATCE) qui a joué un rôle central dans la répression de la liberté de la presse et la corruption du secteur.
Par ailleurs, le SNJT a relevé l’existence d’une volonté gouvernementale d’imposer une législation restrictive visant à étouffer les libertés de la presse, d’expression et de manifestation moyennant l’élaboration de projets de loi tels que le projet de loi N°2015-25 relatif à la répression des atteintes contre les forces armées et le projet de loi portant création à l’instance de communication audiovisuelle.
“Cette politique menace le climat de la liberté d’expression en Tunisie, principal acquis de la révolution”, a estimé le syndicat.