L’instance nationale de lutte contre la traite des personnes a lancé, mardi, parallèlement avec l’inauguration de son siège à la place Pasteur à Tunis, un numéro vert le 80104748 mis, dès aujourd’hui, à la disposition des victimes et des personnes qui désirent signaler des cas de traite de personnes.
Le ministre de la justice, Ghazi Jribi a souligné, dans une déclaration aux médias que l’inauguration du siège de l’instance coïncide avec l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Tunisie, le 23 janvier 1846, mettant l’accent sur l’importance du rôle dévolu à cette institution qui constitue, selon lui, un nouvel acquis dans le domaine des droits de l’homme en Tunisie.
De son côté, la présidente de l’instance nationale de lutte contre la traite des personnes, Rawdha Laabidi a souligné que la création de ce local est de nature à faciliter la mission de l’instance s’agissant, notamment, de la réception des plaintes, de l’accueil et de l’écoute des victimes.
L’instance, a-t-elle fait savoir, œuvrera à renforcer la sensibilisation des populations à risque ainsi que le grand public au problème de la traite des personnes.
Elle se charge de la coordination des politiques publiques en matière de lutte contre la traite sur le plan national, de la mise en œuvre de la stratégie nationale visant à prévenir et à lutter contre la traite des personnes, de la protection et de l’assistance des victimes qu’elles soient tunisiennes ou étrangères et de la coopération sur le plan international.
Elle a indiqué que le démarrage officiel des activités de l’instance remonte au 9 février 2017. Une stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes sera annoncée, prochainement, selon Laabidi.
L’instance, a-t-elle ajouté a mis en place un plan d’action national en matière de lutte contre la traite des personnes et organisé plusieurs sessions de formation au profit des intervenants issus de divers secteurs en rapport avec la lutte contre ce type de crime.
Bien que la traite des personnes en Tunisie ne constitue pas un vrai phénomène en Tunisie, il n’en demeure pas moins, selon Laabidi, que les Tunisiens sont concernés par ce type de crime.
Elle a ajouté que l’exploitation économique des enfants, la servitude domestique et l’exploitation sexuelle sont les formes les plus répandues, en Tunisie, de la traite des personnes.
Pour sa part, Lorena Lando, Chef de Mission de l’organisation internationale pour les migrations (OIM) en Tunisie a déclaré à la TAP que la Tunisie continue d’avancer sur la voie de la lutte contre la traite des personnes, rappelant que la pays a adopté la loi organique numéro 61 en date du 3 août 2016 relative à la prévention et à la lutte contre la traite des personnes.
Elle a fait savoir que l’OIM a recensé et assisté un total de 260 victimes depuis 2012 dont 148 en 2017.
Selon l’article 2 de cette loi “est considérée comme traite des personnes, l’attirement, le recrutement, le transport, le transfert, le détournement, le rapatriement, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par le recours ou la menace de recours à la force ou aux armes ou à toute autre formes de contrainte, d’enlèvement, de fraude, de tromperie, d’abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité ou par l’offre ou l’acceptation de sommes d’argent ou avantages ou dons ou promesses de dons afin d’obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation, qu’elle qu’en soit la forme, que cette exploitation soit commise par l’auteur de ces faits ou en vue de mettre cette personne à la disposition d’un tiers.
L’exploitation comprend l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou la mendicité, le prélèvement total ou partiel d’organe, de tissus, de cellules, de gamètes ou de gènes ou toutes autres formes d’exploitations”