” Les forces tunisiennes de sécurité ne doivent pas employer une force excessive et doivent cesser de recourir à des manœuvres d’intimidation contre les manifestants pacifiques “, a indiqué vendredi Amnesty International.
” Lors des manifestations antigouvernementales de ces derniers jours, les forces de sécurité ont utilisé des méthodes de plus en plus brutales pour disperser les rassemblements et arrêter des manifestants. Un manifestant a perdu la vie “, lit-on dans un communiqué publié par l’organisation.
Amnesty international a estimé que si plusieurs actions de protestation ont été pacifiques de bout en bout, d’autres ont été émaillées d’actes de violence, durant lesquels des personnes se sont rendues coupables de pillages et d’actes de vandalisme.
” Les autorités tunisiennes doivent garantir la sécurité des manifestants non violents, et veiller à ce que les forces de sécurité ne recourent à la force que lorsque cela est absolument nécessaire et proportionné, et dans le but de protéger les droits d’autrui “, a déclaré Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, affirmant que ” ces manifestations ont lieu en réaction à des difficultés économiques avérées, et le rôle de la police devrait consister à calmer cette situation tendue, au lieu de l’envenimer “.
La police a arrêté au moins 15 des militants et coordonnateurs du groupe de jeunes militants “Fesh Nestannew” (Qu’est-ce qu’on attend), leur reprochant notamment d’avoir écrit des slogans sur des murs et distribué des tracts appelant à manifester. Un grand nombre de ces personnes ont été remises en liberté après avoir subi des interrogatoires prolongés. L’un des militants maintenus en détention est Ahmed Sassi, professeur de philosophie, qui a fait l’objet d’une arrestation arbitraire à son domicile de Tunis mercredi 10 janvier et comparaîtra devant un procureur vendredi 12, ajoute la même source.
Heba Morayef a, en outre, appelé ” les autorités tunisiennes à mener une enquête approfondie et impartiale sur la mort de Khomsi el Yerfeni, notamment en publiant les résultats de son autopsie en toute transparence “. Khomsi el Yerfeni, un manifestant, est mort dans la soirée du 8 janvier lors d’une action de protestation dans la ville de Tebourba, à 30 kilomètres à l’ouest de Tunis.
Des témoins ont déclaré à Amnesty International qu’il a perdu la vie après qu’”une voiture de police lui a roulé dessus à deux reprises”.
Le ministère de l’Intérieur a cependant affirmé dans un communiqué que cet homme avait succombé après avoir inhalé du gaz lacrymogène, en raison de problèmes respiratoires chroniques.
Selon Amnesty International, la famille de Khomsi el Yerfeni a déclaré qu’il ne présentait pas de difficultés chroniques de ce type et a affirmé à Amnesty International qu’il n’a jamais eu de dossier médical à l’hôpital comme “le prétend” le ministère de l’Intérieur.