Le président de l’Instance nationale de prévention de la torture (INPT), Fethi Jerray, a souligné que les “pratiques de torture n’ont pas encore cessé en Tunisie, affirmant que tous les ministères concernés dénoncent ces pratiques et répètent qu’elles ne constituent pas une politique d’Etat mais des bavures individuelles.
Jerray a souligné la nécessité de se conformer aux critères nationaux et internationaux, d’appliquer les dispositions de la constitution et des lois en vigueur dans le pays et de traduire dans les faits les positions de principe des ministres, et par de-là le gouvernement, en engagement quotidien de respect des droits de l’homme, avec l’exercice de la tâche de sécurité républicaine et de respect de la dignité humaine.
Dans une déclaration à l’agence TAP en marge du démarrage des travaux de la conférence nationale organisée par l’Instance à Hammamet durant trois jours “sur les références des outils nationaux de prévention de la torture”, Jerray a appelé à l’arrêt des “pratiques anciennes” constatées dans les traitements inhumains et dégradants des personnes arrêtées et le déploiement d’efforts de sensibilisation plus intensifs face au manque de conscience général tolérant la torture à l’égard de personnes jugées dangereuses. Il a estimé que la culture du respect de l’être humain et la prévention de la torture sont en déca des attentes malgré les efforts consentis.
“L’instance œuvre à instaurer une nouvelle culture, celle du respect de la personne humaine même si la personne concernée est détenue par un jugement de justice qui ne la prive pas pour autant de ses droits, notamment ceux relatifs à sa dignité et son droit à la vie”, a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre de la justice Ghazi Jribi a rappelé que la Tunisie “est pionnière en instaurant le premier mécanisme national arabe de prévention contre la torture depuis 2013, à savoir l’instance nationale de prévention de la torture qui place la Tunisie devant une lourde responsabilité, notamment celle de veiller au respect des droits de l’homme”.
Jribi a mis l’accent à cet égard sur la nécessité de mettre en place une approche globale dans la lutte contre la torture, essentiellement en diffusant la culture de prévention de la torture et en élaborant des programmes de formation des différents protagonistes, “d’autant que le traitement des catégories jugées difficiles est devenu une science à part exigeant une formation permanente qui réconcilie l’intégrité physique des prisonniers et la garantie de la sécurité”.
Pour le ministre de la justice, les textes à eux seuls ne suffisent pas pour changer la réalité et promouvoir le système des droits de l’homme, affirmant que le respect de la dignité humaine et de l’intégrité physique est une “culture et une question de civilisation qui exigent la conjugaison des efforts, à commencer par les garderies d’enfants et les écoles primaires afin de former une génération respectant l’être humain”.
“La Tunisie ne livrera pas les droits de l’homme comme une offrande aux terroristes et criminels et la réconciliation entre respect de l’ordre public et des droits de l’homme est une équation difficile mais possible et constitue un des rôles fondamentaux des régimes démocratiques”, a-t-il souligné.
La conférence, qui réunit 17 instances nationales de prévention de la torture de plusieurs pays, est une occasion propice pour l’échange d’expériences et expertises ainsi que pour le dialogue sur les références de ces outils nationaux dans le perfectionnement de leurs programmes d’action au service du respect des droits de l’homme et de la prévention de la torture.
A l’ordre du jour de la conférence des séances de travail scientifique axées sur la visite des lieux de détention, la rédaction de rapports et recommandations ainsi que le traitement de cas individuels faisant l’objet de torture et de traitements dégradants.