Une étude sur “Les femmes dans les partis politiques”, réalisée par le Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF), avec l’appui de la fondation Friedrich Ebert, a appelé à renforcer son rôle dans les partis politiques, sept ans environ après l’avènement de la démocratie en Tunisie.
Présentant les premiers résultats de cette étude mercredi au siège du centre, Khadija Ben Hassine, experte genre, a souligné que parmi les principales recommandations proposées à l’issue de ce travail figure, notamment l’appel à encourager la présence féminine dans les structures centrales des partis et au niveau des coordinations régionales.
L’étude propose, aussi, d’inciter les partis à travailler sur une politique globale d’égalité des sexes, à adopter des programmes transversaux visant à atteindre la parité, mettre en place des stratégies claires d’intégration de la dimension genre et à créer des instances spécialisées pour superviser leur mise en œuvre.
Elle exige que les partis politiques mettent au point des critères objectifs pour l’accès aux postes de décision et les incite à faire preuve d’un engagement réel en faveur des valeurs d’égalité et de non-discrimination, non seulement au niveau du discours, mais aussi par l’adoption de mesures positives et volontaristes au niveau de leurs structures, de leur fonctionnement, de leurs programmes de formation et de leur politique de financement des campagnes électorales.
L’étude recommande aussi la mise en place d’une stratégie médiatique pour mettre en valeur la femme et le rôle qu’elle joue, en insistant sur la nécessité de travailler sur l’image négative et dégradante qui persiste dans les livres scolaires, les films et les feuilletons.
Les médias doivent être, selon l’étude, sensibilisés à contribuer à mettre fin aux images stéréotypées des femmes et à leur accorder une plus grande participation aux débats politiques.
Elle incite la société civile à faire bénéficier les femmes des partis politiques de leurs programmes de formation afin de les aider à comprendre leurs intérêts, à corriger les idées fausses et à adopter des positions en faveur d’une communauté solidaire.
La présente étude, qui a traité le sujet de l’engagement politique partisan des tunisiennes dans le contexte général de la Tunisie après la révolution de 2011 a porté sur un échantillon de 43 femmes, membres de partis, actives dans les bureaux régionaux des 13 gouvernorats de l’Ariana, Manouba, Ben Arous, Tunis, Nabeul, Sousse, Mahdia, Sfax, Gabès, Gafsa, Sidi Bouzid, Kef, Bizerte et Monastir. Ces femmes appartiennent aux partis de Nidaa Tounes, Mouvement Nahdha, Afek Tounes, Front populaire, Machrou Tounes et Al Massar.
L’étude a cherché à évaluer la place des femmes dans les partis, mais aussi à voir si la présence des femmes dans les partis politiques est à subsumer sous la catégorie de la désignation complaisante des hommes ou de la participation volontaire et active des femmes elles-mêmes.
L’enquête a cherché à répondre à des questions portant sur les attentes des femmes de l’engagement politique, leur conception de l’action politique et leur présence au niveau des postes de décision et du pouvoir.
Parmi les principales réponses apportées par ce travail figure la déduction que la discrimination de genre existe encore.
“La parité inscrite dans les textes, même si elle a permis l’émergence de nouvelles figures féminines, n’a pas été en mesure de réaliser les aspirations de ceux et celles qui ont milité pour son adoption. L’absence de l’obligation d’inscrire les femmes en tête de liste n’a pas permis leur l’accroissement de leur nombre au sein des conseils élus”, a conclu l’étude.