Quelles approches adopter pour la préservation du patrimoine en Tunisie et en Libye?

En cette étape décisive et de guerres qui sévissent dans la région arabe, la préservation du patrimoine passe avant tout par la mobilisation des efforts afin de se rattraper sur le retard accusé dans ce domaine, a estimé Mohammed Zine El Abidine, ministre des Affaires culturelles, dans son allocution à la Conférence régionale, “Protection du passé: la documentation comme outil de préservation du patrimoine en Tunisie et en Libye”, ouverte samedi à Tunis au siège de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (Alecso).

Face à la domination des intérêts économiques, imposés par une conjoncture internationale régie par la mondialisation, la préservation du patrimoine constitue une étape clé, d’un projet civilisationnel plus large ayant pour objectif la préservation de la spécificité culturelle des populations de la région, selon le ministre.

La complémentarité, entre efforts des experts et intellectuels aussi bien que ceux des décideurs politiques et membres de la société civile, s’avère indispensable afin de repenser les moyens susceptibles de préserver et sauver ce patrimoine, a-t-il estimé. Longtemps mis à l’écart et pourtant témoin de notre passé commun, ce patrimoine nécessite la mise en place d’approches qui émanent de notre besoin de le récupérer et en tenir compte pour le futur.

A cet égard, le ministre a mis en garde face à la gravité du fossé qui est en train de se creuser entre la jeune génération et le patrimoine de ses ancêtres, ce qui menacerait la spécificité culturelle et la conscience collective dans la région et entraverait par conséquent la réalisation de l’équilibre voulu entre préservation des valeurs culturelles locales et acquisition de certaines valeurs humaines au référentiel occidental.

Mohammed Abdul Bari Al-qudsi, Directeur Général-adjoint de l’Alecso, a prononcé une allocution au nom de Saoud Hilal al-Harbi, Directeur Général de l’Organisation dans laquelle il fait référence à cette situation critique que traverse la région, en raison de la multiplication des conflits armés et guerres dans certains pays arabes. Il a cité les nombreux dangers qui découlent de cette situation, qui menacent en particulier l’Homme et son héritage culturel, devenu cible des groupements armés et terroristes et des gangs intercontinentaux du crime organisé.

Il a estimé urgent de faire face à cette situation avec toute la prudence et le sérieux requis et d’oeuvrer à documenter le patrimoine matériel et immatériel afin de le préserver et faciliter sa restauration, en cas d’altération ou dommages causés par d’éventuelles attaques. Il est crucial de conjuguer les efforts afin d’y parvenir, a-t-il suggéré, tout en mettant en exergue la coopération exemplaire en la matière, entre l’Alecso et ses différents partenaires régionaux et internationaux.

D’autres interventions scientifiques, expériences réussies dans le domaine de la documentation et de la protection du patrimoine ainsi que des tables rondes sur les questions du patrimoine sont au menu de la conférence qui se poursuivra jusqu’au lundi 4 décembre courant.

Des ambassadeurs arabes, représentants des missions diplomatiques accrédités en Tunisie et experts en patrimoine et conservation participent à cette Conférence régionale organisée par l’Alesco, en partenariat avec le Fonds du patrimoine mondial (FPM), le Centre régional de Conservation du patrimoine à Sharjah (ICCROM-ATHAR), relevant du Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturel, et le projet Archéologie en danger au Moyen-Orient et Afrique du Nord (Eamena).