L’Instance Vérité et Dignité (IVD) organise, vendredi, des séances d’audition consacrées aux victimes des incidents de la chevrotine survenus le 27 novembre 2012 à Siliana.
Lors d’une conférence de presse tenue jeudi, au siège de l’instance, la présidente de l’IVD, Sihem Ben Sedrine, a indiqué que l’instance a reçu deux types de dossiers, un dossier collectif au nom de toute la région et des dossiers individuels des victimes des incidents de la chevrotine.
Le nombre de dossiers individuels s’élève, selon Ben Sedrine, à 24 : 16 dossiers d’arbitrage et de réconciliation et 8 dossiers de redevabilité.
Auditionné par l’IVD dans le cadre de cette affaire, le témoignage de l’ancien ministre de l’Intérieur, Ali Laarayedh, sera diffusé vendredi, affirme Sihem Ben Sedrine. L’IVD diffusera, également, le témoignage d’un journaliste victime de ces incidents et d’autres acteurs ayant assisté aux incidents.
Les auditions publiques seront diffusées en direct vendredi soir sur la chaine Wataniya 1, la Radio nationale et des chaines de télévision et de radio privées.
Siliana a confié à l’IVD un dossier de région victime, a indiqué Ben Sedrine, expliquant que l’instance a pris en considération, lors de l’examen de ce dossier, la marginalisation de cette région sur tous les plans.
D’après elle, l’IVD a dépêché une unité d’investigation à la région de Siliana pour effectuer des études balistiques et écouter les victimes, les familles des victimes et les acteurs politiques de l’époque.
“Nous avons parlé aux victimes qui ont déposé des plaintes auprès de l’instance et même à ceux qui n’ont pas envoyé de dossiers. Nous avons également tenté de parler à des responsables syndicaux et à des sécuritaires, en vain”, a-t-elle dit.
“Cependant, le refus des autorités judiciaires et de la justice militaire de collaborer n’ont pas empêché l’instance d’accéder à certains dossiers et de révéler une part de la vérité”, a-t-elle affirmé.
Ben Sedrine a, en outre, critiqué le traitement sécuritaire des mouvements de protestation dans la région, affirmant que des munitions interdites ont été utilisées par les agents de la sécurité.
Les membres de l’instance ont rappelé les articles de la loi relative à la justice transitionnelle qui dote l’instance du droit d’accéder à l’information et aux dossiers nécessaires.
En effet, selon l’article 40 de la loi sur la justice transitionnelle “pour s’acquitter de sa mission, l’Instance peut demander aux pouvoirs administratif et judiciaire, de même qu’aux instances publiques et à toute personne physique ou morale, de lui fournir les documents ou informations qu’ils peuvent avoir en leur possession et accéder aux affaires en saisine auprès des tribunaux, aux jugements rendus ou aux décisions émises les concernant”.
“Par ailleurs, le refus de certains responsables syndicaux de la région et des sécuritaires de témoigner et le refus du procureur général de collaborer est une infraction à la loi et aux principes de la Constitution”, a-t-elle lancé.
Rappelons que le Procureur général de la direction de la justice militaire a affirmé, le 24 août 2017, que les séances publiques que l’IVD envisage d’organiser sur les incidents de Siliana constituent “une violation du principe du secret de l’enquête et une atteinte aux droits des parties concernées”.
Sur la date de la tenue des auditions, Ben Sedrine a expliqué que l’instance a pris le temps nécessaire pour l’examen. Elle présentera des propositions pour améliorer les conditions de vie des habitants et remédier à la marginalisation dont souffre la région depuis des décennies.