“Aujourd’hui, 80% des Européens pensent que l’Union européenne (UE) devrait agir de concert avec ses partenaires pour lutter efficacement contre le terrorisme et l’extrémisme violent”, a fait savoir lundi, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, en visite officielle à Tunis les 30 et 31 octobre.
Tajani, qui s’exprimait ce matin devant les élus de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), à l’occasion d’une séance plénière extraordinaire, a indiqué qu’en réaction à cette volonté exprimée, la commission européenne a présenté, en octobre, de nouvelles mesures pour renforcer la coopération avec la Tunisie, notamment, en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
Ces mesures prévoient, selon lui, de proposer d’ici la fin de l’année l’ouverture des négociations en vue d’un accord sur l’échange de données personnelles entre Europol et la Tunisie.
Le président du Parlement européen a, à ce propos, réitéré l’attachement de l’Europe à la coopération sécuritaire entre les deux rives de la Méditerranée, soulignant le rôle géopolitique important joué par la Tunisie en matière de lutte contre le terrorisme.
Il a, à cet égard, rappelé que l’un des premiers revers essuyé par l’organisation terroriste “Daech” est intervenu dans le sud de la Tunisie dans la délégation de Ben Guerdane en mars 2016.
Dans le même ordre d’idées, Tajani a souligné la nécessité d’œuvrer à la stabilisation de la Libye, saluant l’initiative du président de la République Béji Caïd Essebsi pour un règlement politique global de la crise libyenne.
Le responsable européen a, par ailleurs, fait remarquer que la Tunisie est confrontée à “une fièvre plus ou moins aigue des mouvements populistes hostiles à la liberté et à la démocratie”.
Ces mouvements, a-t-il indiqué, font leur nid dans l’impatience et l’inquiétude des citoyens face à des situations complexes, notamment, la montée du chômage et la situation sécuritaire dégradée, d’où l’impératif d’agir avec pragmatisme et célérité pour y faire face et d’être les garants du pacte démocratique.
Cela requiert notamment, a-t-il dit la mobilisation des moyens et des garanties nécessaires afin que les élections locales en Tunisie puissent se tenir dans les meilleures conditions.
“Les élections locales sont nécessaires à l’ancrage de la démocratie locale et à l’essor économique des régions intérieures de la Tunisie”, a-t-il soutenu.
S’agissant de la question de la migration, Antonio Tajani préconise de traiter cette question avec lucidité, courage et pragmatisme, mais aussi avec beaucoup d’humanité, insistant sur le fait qu’il ne faut pas laisser la gestion du flux migratoire aux trafiquants d’êtres humains ou des terroristes.
“L’UE se doit d’accorder aux pays de l’Afrique du nord dont la Tunisie, la même attention et les mêmes ressources ayant été mobilisées l’année dernière pour gérer le flux migratoire via les Balkans”, a-t-il ajouté, exhortant les Etats membres à accorder un financement suffisant pour les projets dédiés à l’Afrique du nord dans le cadre du fonds fiduciaire pour l’Afrique, en particulier le projet lié à la gestion des flux migratoires.
Selon Antonio Tajani, avec 40 milliards d’euros et une action plus forte de la Banque européenne de l’investissement, il serait possible de changer le destin de l’Afrique et de redonner de l’espoir à ce continent tout en y boostant la croissance.
A noter que la visite du président du Parlement européen s’inscrit dans le cadre du suivi de la semaine parlementaire tunisienne à Bruxelles organisée en mai dernier dans la capitale belge avec la participation d’une délégation conduite par le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur et composée des présidents des groupes parlementaires et des membres du bureau de l’ARP.