Peine de mort : Une ONG tunisienne demande la ratification du 2e protocole du Pacte international sur les droits civils et politiques

La Coalition Tunisienne Contre la Peine de Mort (CTCPM) a appelé, mardi, la présidence de la République à accélérer la ratification du deuxième protocole du pacte international relatif aux droits civils et politiques, en vue d’abolir définitivement cette sentence.

Lors d’un point de presse tenu à Tunis à l’occasion de la 15e Journée mondiale contre la peine de mort placée cette année sous le signe “Peine de mort et pauvreté, un duo mortel”, la CTCPM a exprimé sa “crainte” face à la hausse des condamnations à mort en Tunisie, “due notamment à l’adoption en 2015 de la loi antiterroriste qui a rétabli cette pratique.

Le président de la coalition, Chokri Latif est, par ailleurs, revenu sur le caractère discriminatoire de l’utilisation de la peine capitale qui, selon lui, est inextricablement liée avec la pauvreté, dans la mesure où ce châtiment touche davantage les personnes pauvres.

Et d’ajouter : “Les inégalités socio-économiques nuisent à l’accès à la justice des personnes condamnées à mort à toutes les étapes de la procédure pénale, notamment parce qu’elles rendent difficile l’accès à une assistance légale efficace”.

D’après la même source, 68% des condamnés à mort jusqu’à 2012 sont des travailleurs journaliers précaires, des chômeurs et des paysans. Ils sont issus, pour la plupart, des régions les plus marginalisées de la République.

Et de souligner que la Tunisie a enregistré depuis 1956, 135 peines capitales dont la majorité pour des raisons politiques.

Latif a appelé l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) à amender la loi organique n° 2015-26 du 7 août 2015, relative à la lutte contre le terrorisme et la répression du blanchiment d’argent.

L’objectif étant, selon lui, de respecter les normes internationales en matière de protection des droits de l’Homme.

Créée en 2007, la CTCPM n’a été reconnue légalement qu’en 2012 après la chute de Ben Ali. Elle œuvre à abolir la peine de mort en Tunisie et agir auprès des autorités afin que la Tunisie rejoigne le camp des Etats abolitionnistes.

Elle regroupe actuellement 14 associations dont notamment la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, l’Organisation Contre la Torture en Tunisie, la section tunisienne d’Amnesty International et le Syndicat National des Journalistes Tunisiens.