Comme l’on pouvait s’y attendre, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a livré le fond de sa pensée lorsqu’il a déclaré, il y a quelques semaines “avoir des regrets et s’être trompé sur certaines choses. Dans une interview qu’il a accordée à la télévision nationale “Wataniya 1”, dans la soirée du lundi 18 septembre, le chef de l’Etat a tout dit ou presque.
Tout d’abord, tout en reconnaissant que le parti Ennahdha a fait de “grands pas” (vers un parti civil) en séparant la pratique politique du prosélytisme, BCE estime cependant cet effort “insuffisant”.
Selon le président de la République, “le mouvement (Ennahdha) avait, au moment de la rédaction de la Constitution de la deuxième République, une orientation différente par rapport à sa politique actuelle favorable à une Constitution d’un Etat civil”.
Ensuite, Béji Caïd Essebsi précise, à propos de sa déclaration selon laquelle il avait “fait une erreur d’appréciation”, qu’il pointait en fait du doigt d’autres partis (qu’ils n’a pas nommés) “qui n’étaient pas prêts à accepter l’association du parti Ennahdha au pouvoir”.
Rappelons que le président de la République avait indiqué lors d’un entretien avec le journal Assahafa, du 6 septembre courant, que son parti Nidaa Tounes “n’avait pas d’autre choix après les élections de 2014 que de s’associer avec Ennahdha qui était prêt à former un gouvernement de coalition sans conditions et que le choix consistait à ramener ce parti à l’exercice civil du pouvoir mais qu’il avait “fait une erreur d’appréciation”.
A propos de sa conception du pouvoir, BCE souligne sa préférence pour une “politique centriste”, raison pour laquelle “je suis en divergence avec la gauche”.
Il a rappelé sa position favorable à l’association d’Ennhadha au pouvoir après les élection de 2014, remportées par Nidaa Tounes, devant la formation islamiste: “Ma sensibilité démocratique m’a poussé à ne pas ignorer les résultats du scrutin”, estimant que “l’expérience de l’association du mouvement Ennahdha au pouvoir a réussi”.
Concernant le changement du régime politique, le président de la République a indiqué qu’il ne compte pas présenter une initiative dans ce sens, “mais j’estime que le régime parlementaire recèle quelques faiblesses et les députés de l’ARP ont le droit d’amender le régime politique en suivant les voies légales”, a-t-il toutefois fait remarquer.
Interrogé sur sa position critique à l’égard des instances indépendantes, Essebsi a précisé qu’il “ne ciblait pas les institutions constitutionnelles mais les instances indépendantes issues de la Constituante (sans les nommer) qui ont des tendances de mainmise et ne veulent pas rendre des comptes”.
Au sujet de la “loi de réconciliation” en matière administrative, adoptée récemment par l’ARP, il a affirmé qu’elle n’a rien à voir avec l’initiative de la présidence de la République. “En fait, c’est un projet adopté par la Commission de législation générale”, a-t-il ajouté. “Les députés ont voulu saborder le projet de loi et se sont attaqués à une démarche démocratique alors qu’il fallait respecter l’opinion de la majorité”, déplore le chef de l’Etat.
Répondant aux critiques sur l’interférence de la présidence de la République dans le remaniement ministériel, Caïd Essebsi a assuré que le chef du gouvernement en est le seul initiateur, sans intervention du président de la République. “Cela ne m’empêche pas de donner des conseils. La présidence de la République et la présidence du gouvernement travaillent dans l’entente et le respect des prérogatives de chacune d’elle”, a-t-il affirmé.
Concernant une possible candidature de sa part à la prochaine élection présidentielle, perçue à travers le lancement de son initiative sur l’égalité de l’héritage et l’élaboration d’un code des libertés et de l’égalité, Essebsi a indiqué qu’elle “s’inscrit dans le cadre de l’application de la Constitution civile”, refusant de s’exprimer sur son éventuelle candidature pour un deuxième mandat qu’il avait exclu lors de la campagne électorale de la présidentielle de 2014.