Des cinéastes et représentants tunisiens d’associations actives dans le secteur cinématographique ont été présents au 70ème Festival de Cannes, portés par leur ambition de trouver des subventions et de l’appui pour la réalisation de leurs projets de films, et faire la promotion du cinéma tunisien dans le cadre de ce rendez-vous cinématographique annuel dont le budget pour 2017 avoisine les 20 millions d’Euros.
Selon la majorité des témoignages recueillis par l’agence tap, la sélection du film tunisien ” La Belle et la Meute”, nouvelle fiction de la cinéaste Khouther Ben Hania dans la catégorie “Un certain Regard” de ce prestigieux festival, constitue une distinction pour le cinéma tunisien qui cherche à se tailler une place non seulement à l’échelle régionale et arabe mais aussi internationale.
Invité parmi d’autres cinéastes célèbres ayant laissé leurs empreintes dans l’histoire de ce grand rassemblement cannois, le réalisateur Férid Boughdir a signalé que la Tunisie, en compétition ou hors compétition, a enregistré ainsi une présence importante, surtout que le festival est une destination privilégiée pour les industriels du cinéma et les dénicheurs de jeunes talents parmi les créateurs du monde entier. Selon lui, Khaouther Ben Hania, “a honoré la Tunisie et le cinéma tunisien” par cette présence en sélection officielle. Soulevant l’interaction positive du public français lors de l’avant première du film à la salle Debussy, Boughdir a estimé que “le public français ne fait pas de compliments”.
La participation tunisienne au Festival de Cannes, qui a commencé en 2006 par l’installation d’un pavillon national émane, selon la directrice du département des Arts audiovisuels au ministère des Affaires Culturelles, Mounira Ben Halima, de la prise de conscience des acteurs du secteur du cinéma de l’importance de ce festival d’où la volonté de répondre toujours présents.
Parmi les nouveautés du pavillon tunisien dans cette 70ème édition, elle a cité l’organisation de plusieurs rencontres avec des sponsors étrangers potentiels, des distributeurs et producteurs influents dans l’industrie du cinéma mondial. Elle a mentionné également la création d’une manifestation baptisée “Les oscars de Tunisie”, lancée depuis Cannes par l’Association des réalisateurs de films tunisiens (ARFT) dans “le but d’attirer les producteurs internationaux et les encourager à investir dans le cinéma tunisien”. Elle a également formé le voeu que le cinéma tunisien soit présent l’année prochaine à l’ouverture de la prochaine “Quinzaine des réalisateurs”, principale section parallèle du festival de Cannes, à travers la sélection de 4 films.
De son côté, Mokhtar Ladjimi, président de l’association des réalisateurs de films tunisiens (ARFT), a présenté les préparatifs pour la prochaine édition des Rencontres des réalisateurs tunisiens (Oscar de Tunisie) qui est une compétition à laquelle seront récompensées les meilleures oeuvres cinématographiques pour l’année 2017. Parlant de Ben Hania, il a estimé qu’elle a “gravé son nom sur la carte du cinéma arabe et mondial” à travers une approche audacieuse de la question du viol qui “n’a pu être traitée dans le cinéma d’avant la révolution”.
L’avis du producteur du film “La belle et la meute”, Habib Attia, était surtout orienté vers un fait divers qui accuse une partie de l’appareil sécuritaire tunisien, estimant que l’appel lancé par certains critiques à mentionner à la fin la sentence infligée aux violeurs ne constitue pas une idée sur laquelle il fallait s’attarder, surtout qu’il s’agit d’une fiction inspirée d’une histoire réelle.
L’actrice du film Anissa Daoud, a exprimé sa fierté de faire partie de cette production qui a suscité, selon elle, l’intérêt notamment par des producteurs du Brésil et de la Suède qui ont manifesté la volonté de faire des co-producteurs avec des partenaires tunisiens.
La productrice Dorra Bouchoucha a estimé que bien que la participation arabe au festival de Cannes (en et hors compétition) soit limitée à quatre films en l’occurrence “La belle et la Meute” de la Tunisienne Khaouther Ben Hania, “En Attendant les Hirondelles” de l’Algérien Karim Mossaoui, “A drowning man” du palestino-danois Mehdi Flifel et “Vers l’inconnu” du Libanais Georges Nasser, tout observateur peut déceler une certaine vitalité novatrice dans le traitement de films qui chacun à sa manière est porteur d’un message fort.
Rappelant les conditions strictes dans le choix des films dans la sélection officielle du festival, Dorra Bouchoucha a estimé que la programmation des films répond aux standards établis par ce prestigieux festival privilégiant l’esthétique artistique et répondant au goût du jury, notamment dans le traitement cinématographique, d’où d’ailleurs le mérite qui revient à la sélection d’un film tunisien.
Le français Thierry Lenouvel qui a produit en 2004 le film tunisien “Noce d’été” de Mokhtar Ladjimi a fait remarquer que ce qui l’attire dans la cinématographie tunisienne c’est plutôt le côté cinéma d’auteur non commercial, qui caractérise d’ailleurs le film de Ben Hania, faisant partie de cette nouvelle vague de cinéastes tunisiens qui se font un chemin depuis ces toutes dernières années.