Ministère de la Santé : La ministre applique la loi, les ouvriers attaquent le ministère!

La Loi ! Comment appliquer la loi lorsque son respect est devenu l’exception et son infraction la règle!

Ce matin même, mardi 25 avril, les employés du ministère de la Santé ont envahi leur propre ministère, ont fait sortir les cadres de leurs bureaux et des salles de réunion parce que la ministre a décidé d’appliquer la loi concernant les tenues de travail. En l’occurrence, il s’agissait de donner aux ouvriers des bons pour l’acquisition des tenues auprès d’un fournisseur sélectionné suite à un appel d’offres en lieu et place de monnaie sonnante et trébuchante. De l’argent cash dont les bénéficiaires n’usaient forcément pas pour se munir des tenues adéquates visant à les protéger et à assurer un minimum d’hygiène dans un secteur où il existe des risques.

La Loi de la jungle, c’est la Tunisie d’aujourd’hui! Quoi de plus normal lorsque les gouverneurs atteints du syndrome du «dégagisme» -notion purement tunisienne- n’osent pas appliquer la loi. Lorsque les magistrats détalent dans les rues pour faire pression sur le gouvernement. Lorsque les chômeurs bloquent les centres de production adoptant la logique du «si je ne travaille pas, personne ne travaillera point!». Et lorsque les institutions nationales reconnues depuis leur création par leur sens de la responsabilité et de la discipline n’ont plus de pouvoir sur leurs bases qui agissent comme bon leur semble.

Aujourd’hui, les ouvriers du ministère de la Santé ont envahi le ministère parce qu’ils préfèrent imposer leur propre loi, demain ça sera peut-être au tour du ministère de l’Enseignement supérieur de subir cette invasion parce que les intérêts de ceux qui profitent des restaurants et des foyers universitaires et qui piochent aussi bien dans la nourriture destinée aux étudiants que dans les équipements peuvent être menacés. Après demain ça serait peut-être au tour du ministère de l’Industrie d’être envahi parce qu’on aurait éventuellement décidé de limiter les privilèges des employés de la STEG, etc.

Si élections et démocratie riment avec la gouvernance de la rue, nous aurons mieux fait de nous abstenir d’élire ceux qui ont affaibli encore plus les institutions et œuvrent aujourd’hui à la disparition de l’Etat par manque d’audace et de poigne.

A.B.A