Le turc figure au 11ème rang mondial des langues les plus parlées. 120 millions le parlent de par le monde dont 60 millions de Turcs. Ce n’est pas la langue des sciences ou des hautes technologies. Elle est aujourd’hui celle du grand prêcheur Erdogan, islamiste despote et tyran rêvant du califat! Et pourtant, dans la Tunisie post-soulèvement, les islamistes et leurs gentils serviteurs ont trouvé le moyen de l’intégrer dans nos cursus scolaires.
La Turquie a eu uniquement 2 prix Nobel, dont l’un de littérature et l’autre de Chimie -son détenteur est un Turco-américain qui enseigne à l’Université de Caroline du Nord. Il a reçu le Nobel avec les chimistes suédois Tomas Lindahl et américain Paul L. Modrich.
La Turquie brille-t-elle par ses savants dans les sciences, l’astronomie, la philosophie, la médecine? Elle en a eu à travers son histoire mais pas beaucoup. Par contre, nombreux sont ses savants islamistes qui ont excellé dans l’art de la lecture et de l’interprétation de tout ce qui se rapporte à la religion. Après tout, lorsqu’on est «Prince des croyants», on peut mieux gouverner! C’est peut-être pour cela que le président sultan turc nous a envoyé 10 professeurs pour enseigner à nos enfants la langue d’Erdogan et payés, paraît-il, par son gouvernement dans le cadre d’une coopération qui nous paraît de plus en plus suspicieuse au vu des penchants hégémoniques du président turc.
En 2013, sous le règne de la vaillante Troïka, conduite par Ennahdha, un mémorandum d’entente (MOU) avait été signé comprenant l’échange d’ouvrages scolaires et les droits de la propriété intellectuelle entre les deux gouvernements. Ce MOU concerne les secteurs de l’éducation et de la formation professionnelle et dans lequel est stipulé: «Chacune des parties s’engage à procéder dans le cadre de ses programmes scolaires à enseigner la langue officielle du pays signataire ainsi que l’intégration de sa culture et de sa littérature».
Le MOU a été signé du temps de Salem Labiadh, le grand nationaliste arabe. Mais mettons-nous bien d’accord, il peut être révisé et il n’est pas aussi engageant pour les ministres qui l’ont succédé que certains semblent bien vouloir le faire comprendre.
Certaines sources d’information fiables nous ont d’ailleurs certifié que Néji Jalloul a voulu mettre un terme à l’apprentissage de cette langue puisque 188 élèves seulement l’ont choisie.
Mais comme nous l’avons vu, le ministre turc de l’Education est arrivé tambours battants en Tunisie pour remettre les pendules à l’heure et la langue turque au menu de nos cursus scolaires! Il faudrait peut-être que notre ministre de l’Education nationale raye, avec la bénédiction de ceux qui président aux destinées du pays, le terme «souveraineté» du lexique scolaire. Et encore, s’il ne s’agissait que d’apprentissage de langue.
Lors d’un entretien avec Imed Hammami, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi et qui sera prochainement publié sur WMC, il a répondu à l’une de nos questions l’interpellant quant à la présence de plus en plus accrue d’employés turcs dans notre pays: «Ce n’est pas grave, la Tunisie est un pays libéral et le marché de l’emploi est ouvert, il n’y a pas de mal à cela». Les Trucs sont partout et surtout dans leurs centres commerciaux qui pullulent aujourd’hui, alors que les Tunisiens peuvent assurer ces tâches. Ne sommes-nous pas héritiers de grandes traditions de commerce aussi bien national qu’international?
Les Turcs, chefs de rayons ou cadres commerciaux occupent des emplois que des Tunisiens chômeurs peuvent assurer. Et encore, avant la chute du régime Ben Ali, il était interdit d’amener une main-d’œuvre étrangère lorsque les nationaux possédaient l’expertise.
La colonisation économique passe par la colonisation culturelle. C’est le cas de la langue anglaise qui a permis aux States d’instaurer sa suprématie partout dans le monde.
La question à plusieurs milliards de dollars: l’échange des bons procédés est-il aussi bien respecté en Turquie qu’en Tunisie? Cela m’étonnerait très fort! Et les opérateurs privés tunisiens peuvent en témoigner.