6e anniversaire de la révolution : Appel à retirer les affaires des martyrs des tribunaux militaires

Les familles des blessés et victimes de la révolution estiment que la commémoration du 6e anniversaire de la révolution est dénudée de tous sens tant que la liste définitive des victimes n’a pas été publiée et tant que leurs affaires continuent à être traitées par la justice militaire.

Les familles et leurs représentants insistent sur le retrait de leurs affaires des tribunaux militaires et leur transfert à des juridictions spécialisées. Il s’agit, selon eux, du seul moyen, pour révéler la vérité et juger les criminels. Les décisions rendues par la justice militaire n’ont pas tenu compte des faits, estiment-ils.

Me Charfeddine Kellil dénonce vivement ” le refus du président de la République de signer la liste des martyrs de la révolution “.

Il a également déploré la politique empruntée par la justice militaire visant à ” noyer ” les affaires relevant de la cour de Cassation. Il a critiqué la libération par la justice ” des criminels “, citant le cas du martyr Majdi Mnassri.

Me Charfeddine Kellil a appelé au transfert des dossiers des martyrs aux tribunaux civils en attendant leur prise en charge par les juridictions spécialisées relevant de l’Instance Vérité et Dignité (IVD).

Il a rappelé que les familles restent très attachées à leur droit de connaitre la vérité entière et au jugement des responsables, exhortant l’IVD à hâter le transfert des affaires des martyrs et blessés de la révolution aux juridictions spécialisées. L’avocat considère que l’enquête et les investigations sont inévitables et qu’elles demandent de pouvoir accéder, avant, aux archives des ministères de l’Intérieur et de la Défense particulièrement. Il a souligné l’urgence de compléter la composition de l’IVD et la promulgation des lois nécessaires relatives aux tribunaux spécialisés.

De son côté, l’avocate Leila Haddad s’est interrogée sur les réalisations accomplies sur six ans, depuis la révolution. Elle a relevé que ” la majorité des jeunes des gouvernorats de Régueb, Jerissa, Dahmani, Tajerouine, Kasserine et Gafsa croupissent encore en prison, ” pour avoir participé à des mouvements de protestation “.
La révolution ne peut être célébrée alors que la plupart des blessés sont cloués à des chaises roulantes, encore dans l’attente de leur réhabilitation, a-t-elle déploré, dénonçant le silence face aux revendications des familles des martyrs.
L’avocate a, par ailleurs, dénoncé le retard pris dans la publication des listes définitives des martyrs et blessés de la révolution.

Me Haddad a fait observer que le tribunal militaire a relâché tous ceux qui ont une responsabilité dans les assassinats et s’est contenté de réclamer des indemnisations.

Les affaires des martyrs de Douz, El Hamma, le Grand Tunis, Thala, Kasserine et Tozeur sont toujours d’actualité en raison des ajournements et ce, malgré les six années écoulées depuis le déclenchement de la révolution, a-t-elle dit.