Le générique du début du documentaire “Zaineb n’aime pas la neige”, de Kaouther Ben Hania, Tanit d’Or des Journées cinématographiques de Carthage 2016 (JCC), commence par cette scène de Zaineb, personnage principal du film ouvrant son journal intime pour écrire.
Présente mardi au cinéma Amilcar à Tunis, lors de la projection de presse de son film, la réalisatrice avoue avoir opté, au moment du montage, pour une histoire qui, dit-elle, “ressemble à un journal intime que j’ai écrit en images”.
La sortie nationale de ce film est prévue à partir de ce mercredi 21 décembre alors que le 23 décembre, il sera projeté à l’ouverture d’une nouvelle salle de cinéma à Menzel Temim (CAP Bon) en présence de l’équipe du film. Il sera également en tournée dans les établissements scolaires, primaires et secondaires, d’ici la fin de la saison scolaire, en juin 2017.
Comme dans une fiction, le film sous-titré en français et en arabe, présente une jeune fille qui grandit au fil des années. Filmée sur six ans, le personnage de Zaineb est construit par la réalisatrice qui avait pensé son film suivant une formule de narration cinématographique qui va avec l’évolution de son personnage.
La notion de famille est apparente dans ce documentaire qui joue sur le côté émotionnel principalement chez Zaineb, partie sur deux itinéraires, celui de l’âge et du temps, plus elle grandit plus les choses se font de plus en plus différentes et nouvelles. Ce départ de l’univers de l’enfance vers celui de l’adolescence, de la Tunisie vers le Canada, du cadre familial avec une maman veuve vers celui d’une famille recomposée, a conféré plus de possibilités à la réalisatrice pour faire son film.
Son approche donne à voir un film où la restitution des séquences implique parfois l’intervention de la réalisatrice. Comme elle l’a même affirmé, “le scénario est construit au fur et à mesure au moment du montage”, faisant pour chaque étape, un montage qui repère les moments clés avec surtout le départ au Canada, le mariage à Sidi Bouzid, la fête de Noël et le divorce des parents.
La réalisatrice valorise cette richesse du réel qu’elle estime pouvoir “juste savoir le regarder, capter des moments et les construire pour lui donner du sens…”. L’idée chez elle est surtout “comment approcher ce réel, l’apprivoiser, l’anticiper et s’y adapter”.
L’aspect fiction prend donc forme à partir du moment où filmer dans un environnement même aussi familier et convivial ne peut faire oublier la présence de la caméra. La réalisatrice parle d’une ” expérience extraordinaire et d’un film assez particulier puisqu’il fait immersion dans la vie intime de la famille.”
Ce constat est plus visible entre les séquences de la petite Zaineb encore enfant et celles d’une Zaineb adolescente et ses nouvelles valeurs acquises au Canada. Contrairement à sa mère qui a tout essayé pour s’adapter avec son nouvel environnement, Zaineb qui n’aimait pas la neige, a fini par aimer la neige en s’intégrant dans la nouvelle société.
Dans ses autres films, Ben Hania était toujours accompagnée par une équipe de tournage, mais pour ce film elle dit avoir dû faire le tournage ” toute seule côté image et son, car la présence d’une équipe perturbait bien la famille “.
Ses projets cinématographiques convergent dans des itinéraires différents du point de vue forme et questions abordées. Mais ce qui capte chez cette réalisatrice, c’est cette touche d’humour qu’elle jette dans son approche tout en abordant des situations compliquées et dramatiques à la fois.
Ce qui est bien agréable aussi dans ce documentaire de 1h34mn, c’est que le spectateur est introduit dans le monde de l’enfance dans une narration poétique et familiale. Mais à des moments, s’installe une certaine monotonie renforcée par le style du genre documentaire qui coupe avec la dynamique habituelle du 7ème Art.