L’examen de l’affaire du journaliste Lotfi Laâmeri vient d’être reporté au lundi 5 décembre, à la demande du collectif de défense, a annoncé Me Abdessatar Messaoudi, membre du comité.
La demande de report formulée par le collectif de défense vise à permettre à leur client ainsi qu’à la défense de prendre connaissance des éléments du dossier et d’organiser la défense, a déclaré Messaoudi à l’agence TAP, précisant que son client a été convoqué, ce lundi, pour être entendu sur la base des dispositions de l’article 128 du Code pénal. Celui-ci dispose que “est puni de deux ans d’emprisonnement et de cent vingt dinars d’amende, quiconque par discours publics, presse ou tous autres moyens de publicité, impute à un fonctionnaire public ou assimilé des faits illégaux en rapport avec ses fonctions, sans en établir la véracité”.
Lors d’une manifestation de soutien au journaliste organisée, lundi, devant le Palais de justice à Tunis, en présence d’artistes, de journalistes, de politiques et de députés, Lotfi Laâmari a déclaré avoir été convoqué à comparaître devant le tribunal suite à ses commentaires sur le verdict prononcé dans l’affaire de Lotfi Nagdh qu’il avait qualifié de “choquant”, ajoutant qu’il “n’a fait qu’exercer son droit en tant que journaliste de s’exprimer librement”.
Participant à ce mouvement de soutien, le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Neji Bghouri, a dénoncé la décision de poursuivre le journaliste Lotfi Laâmari en justice pour ses déclarations, soulignant que la présence, à cette manifestation, de représentants de la société civile s’inscrit dans le cadre de la protection des libertés d’expression et de presse.
Par ailleurs, le président de la SNJT a dénoncé la “rapidité de réaction du ministère public dès qu’il s’agit de porter atteinte à la liberté de pensée et d’expression”, appelant à la nécessité que les journalistes soient jugés en vertu du décret-loi n° 2011-115 du 2 novembre 2011, relatif à la liberté de la presse, de l’impression et de l’édition et non en vertu d’une autre loi.
Le ministère public avait ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire concernant les déclarations du journaliste Lotfi Laâmari sur l’affaire de l’assassinat de Lotfi Nagdh, coordinateur régional de Nidaa Tounes à Tataouine. Tous les mis en cause ont bénéficié d’un non-lieu.
Le porte-parole de Tribunal de première instance de Tunis et du Pôle judiciaire antiterroriste, Sofiene Selliti, avait déclaré, vendredi 18 novembre, à l’agence TAP que ” les déclarations du journaliste ont nui à la justice “, ajoutant qu’un juge d’instruction au Tribunal de première instance s’est chargé de l’enquête.
Selon Selliti, le parquet s’est aussi engagé à prendre les mesures nécessaires pour poursuivre en justice les députés qui ont fait des déclarations portant atteinte à la justice et remettant en cause sa crédibilité et son impartialité.
Il a estimé que de telles déclarations sont susceptibles de monter l’opinion publique contre le pouvoir judiciaire.
Lors de son intervention à une émission de télévision sur la chaîne privée El-Hiwar Ettounsi, Lotfi Laâmari a déclaré que “le verdict rendu dans l’affaire de Lotfi Naguedh a humilié le peuple (…) l’institution judiciaire est minée par la corruption (…) la justice tunisienne est en grande partie corrompue et politisée (…) Aujourd’hui, les ligues de protection de la révolution commettent des assassinats et la justice libère”.