Khémaies Jhinaoui : La Tunisie prévoit l’ouverture de deux ambassades au Kenya et au Burkina-Faso

“Le nombre des ambassades tunisiennes en Afrique, sera porté à 10 à travers l’ouverture prévue de deux nouvelles ambassades au Kenya et au Burkina-Faso, outre l’ouverture de 5 bureaux commerciaux dans des pays de l’Afrique subsaharienne et le rétablissement des délégations itinérantes, qui ont fait, auparavant, leurs preuves dans les pays africains où la Tunisie ne dispose pas d’antennes diplomatiques” a annoncé, vendredi, le ministre des Affaires Etrangères (AE), Khémaies Jhinaoui, relevant les efforts déployés pour renforcer la diplomatie économique de la Tunisie.

Jhinaoui, qui intervenait à une rencontre organisée à l’UTICA, a ajouté que “ces démarches s’inscrivent dans le cadre d’un choix des autorités tunisiennes visant à asseoir une diplomatie économique, digne de ce nom”.

“La Tunisie dispose de tous les atouts qui permettent d’associer à sa réussite politique, une réussite économique, sauf que la clé devant permettre de capitaliser sur les avantages comparatifs du pays n’est encore pas activée “, a encore indiqué jhinaoui, qui estime que “cette clé n’est autre qu’une diplomatie économique suffisamment solide”.

D’après lui, le ministère des AE travaille en partenariat avec le CEPEX pour mettre en place des antennes économiques dans toutes les ambassades tunisiennes, et des contrats-programmes vont être envoyés à ces ambassades, pour permettre l’évaluation de leurs performances sur le plan économique et de moduler leur action selon le besoin du pays.

Toujours selon lui, une direction générale dédiée à orienter les milieux d’affaires sera également mise en place au sein de l’office du Ministre. Elle sera présidée par un ancien ambassadeur, Tarek Azouz.

En réaction aux déclarations du ministre, Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, a plaidé pour une meilleure implication de la centrale patronale et du secteur privé dans l’effort national visant à renforcer la diplomatie économique.

Elle estime que ” les ambassadeurs et les représentants officiels de la Tunisie à l’extérieur doivent avoir un background économique solide qui leur permet de défendre l’image et les intérêts du pays “. ” Un ambassadeur ne devrait pas se contenter de rédiger des comptes-rendus des rencontres qui se tiennent ailleurs. Il devrait avoir les compétences et les reflexes nécessaires pour pouvoir prospecter le terrain et dénicher les opportunités qui puissent servir les objectifs tracés sur le plan économique”, a-t-elle lancé.

La présidente de la centrale patronale a aussi mis le point sur l’importance, pour les acteurs économiques, d’avoir l’information économique, à temps, pour pouvoir réagir en conséquence, relevant le grand rôle que devraient jouer les représentations diplomatiques tunisiennes à cet égard.

Les interventions des présidents des Centres d’affaires mixtes, ont été axées sur les manquements décelés au niveau du fonctionnement des représentations diplomatiques, n’étant pas assez actives sur le plan économique, et ne possédant pas une vision claire des enjeux économiques qui se présentent au pays.

Ce débat a aussi porté sur la défaillance d’image du pays et de ses produits, à l’échelle internationale et sur les effets négatifs des annonces précipitées, mais non-respectées, faites par les autorités tunisiennes, surtout en ce qui concerne l’adoption des législations et lois relatifs à l’investissement.

Les intervenants à cette rencontre ont recommandé, au terme des débats, le renforcement de la promotion générique du pays, le rétablissement des commissions mixtes qui assuraient, avant la révolution, un trait d’union entre le pays et son espace régional et international, la facilitation des procédures d’obtention des visas pour les opérateurs africains originaires de pays où la Tunisie ne possède pas d’ambassades.

Ils ont aussi appelé à associer le concept de diplomatie économique au concept d’intelligence économique et à repenser l’architecture institutionnelle des représentations diplomatiques de manière à l’ouvrir davantage sur le secteur privé.