Suite à l’initiative de Béji Caïd Essebsi (BCE) et de l’Accord de Carthage signé par les principaux acteurs de la scène politique et de la société civile (UGTT, UTAP et UTICA), le gouvernement Chahed a vu le jour, il y a donc moins de 100 jours, plébiscité par l’ARP (167 voix).
Youssef Chahed, chef du gouvernement, est le plus jeune à occuper le poste depuis l’indépendance, et c’est le cas aussi de son cabinet qui comporte une trentaine de ministres jeunes… On peut citer Mehdi Ben Gharbia, Fadhel Abdelkefi, Iyed Dahmani, Majdouline Cherni, Riadh Mouakher, Zied Lâadhari, Faten Kallel, Omar Behi…
Tous ces jeunes viennent d’horizons différents: société civile, syndicats, monde des affaires, administration, universitaires… Bref, des jeunes de tous horizons mais avec un objectif commun : sauver la Tunisie du marasme ambiant, de cette passivité nonchalante comme si on se plaisait avec cette médiocrité, comme si on ne la voyait plus, comme si c’était une fatalité.
En deux mois, le gouvernement a résolu le problème PETROFAC, la production du phosphate est revenue à son rythme de 2010… D’ailleurs, le chef du gouvernement avait annoncé, dès le départ, qu’il allait s’attaquer à la contrebande, à l’évasion fiscale, au renforcement de la lutte anti-terroriste et surtout à l’inflexion des indicateurs économiques. D’énormes chantiers qui demandent l’adhésion de tout le monde, qui demandent des sacrifices de la part de tout le monde.
Je vais quand même nuancer cette notion de sacrifice. En effet, ce qui est demandé aux avocats et médecins et par-delà ces 2 corporations, les professions libérales en général, c’est de payer leurs impôts par la mise en place d’un système qui permet le contrôle tout en exonérant les jeunes. Pour les salariés, ce sont les salaires élevés qui vont y contribuer, quant aux petits salaires, au contraire, ils vont bénéficier d’une baisse d’impôt qui sera répercutée directement sur leurs fiches de paie. Les sociétés vont payer et à titre exceptionnel un impôt de 7,5% cette année. Est-ce si difficile?
Face au tollé général qui s’annonce, parce que tout le monde sait qu’il faut agir mais rares sont ceux qui acceptent, du moins quand ils sont directement concernés (après moi le déluge) de le faire, n’importe qui d’autre à sa place et ils étaient au nombre de 6 depuis la révolution aurait essayé de ne pas s’attaquer de front à tous ces chantiers, il aurait cédé à la tentation de ne pas se mettre tout le monde à dos, il aurait cédé aux conseils de ménager la chèvre et le choux s’il ne veut pas se brûler les ailes, s’il veut faire carrière comme on dit.
Mais il n’a pas cédé.
Il n’a pas cédé parce qu’il sait que dans le peu de temps qu’il avait devant lui avant de présenter la loi de finance à l’ARP, il ne pouvait pas faire mieux pour commencer cette mission de sauvetage qui est l’essence même des accords de Carthage. Bien sûr qu’il présentera une vision globale de la Tunisie 2020, et ça commence d’ores et déjà par l’organisation du forum de l’investissement la semaine prochaine.
Gageons qu’il se déroulera sous les meilleures auspices même si certains se sont abaissés à l’utiliser comme moyen de pression pour faire céder le gouvernement… Tellement de grèves annoncées pour ce 30 novembre.
D’ailleurs, j’ai une question à tout ce beau monde : Avez-vous pensé aux répercussions ? Si oui…
Enfin et comme l’a dit BCE, la Tunisie réussira, ce n’est pas de l’optimisme, c’est du réalisme. Il ne peut en être autrement.
Maher Toumi