Tunisie : Suspicions de corruption au sein du parlement

Les députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont réagi de façon disparate face aux suspicions de corruption au sein du parlement.

Certains pensent que le fait de dénoncer des cas de corruption est ” un devoir “, tandis que d’autres estiment nécessaires d’accompagner les allégations de corruption par des preuves tangibles permettant à l’ARP d’ouvrir une enquête interne et de prendre les mesures requises.

Dans une déclaration, lundi, à la TAP, le premier vice-président de l’ARP, Abdelfatteh Mourou a expliqué que toute accusation ou allégation de corruption doit être accompagnée de preuves concrètes, en disant craindre de voir la question de ” la lutte contre la corruption se transformer en un règlement de compte entre rivaux “.

Selon Mourou, la justice est la seule partie habilitée à trancher dans les affaires de corruption. Le fait d’affirmer l’existence de suspicions de corruption au parlement, a-t-il dit, ne résout pas le problème. ” Le pouvoir législatif ne procède pas une enquête interne, ni ne lève l’immunité parlementaire d’un député qu’en cas de preuves réelles “, a-t-il soutenu.

De son côté, l’élue du Courant démocrate, Samia Abbou, a déclaré que ” la normalisation avec la corruption est plus grave que la corruption elle-même “, estimant qu’il est de son devoir de dénoncer les suspicions corruption et d’en aviser le ministère public, étant donné que c’est ” le pouvoir judiciaire qui est habilité, en premier, à statuer dans les affaires de corruption “.

Soutenant que la lutte contre la corruption est une responsabilité qui incombe à tous, Samia Abbou estime que, dans sa première apparition médiatique, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, aurait dû ” éviter de parler d’emprisonnement des corrompus et évoquer plutôt le nombre et des dossiers de corruption que son gouvernement compte soumettre à la justice “.

Elle a, par ailleurs, rappelé le lancement, par le Courant démocrate, d’une campagne baptisée ” les mains propres “, pour exhorter la justice à assumer sa responsabilité en matière de lutte contre la corruption et les auteurs des infractions de corruption.

Samia Abbou avait demandé, le 16 septembre dernier, en plénière de l’ARP, l’ouverture d’une enquête sur ” des suspicions de corruption qui pèsent sur certains élus “, affirmant que le Courant démocrate déposera plainte, auprès du ministère public, à ce sujet.

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, s’était quant à lui engagé depuis la présentation de la composition de son gouvernement, en août dernier, à axer les efforts sur cinq priorités dont en premier lieu la guerre contre le terrorisme et la lutte contre la corruption.