A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de soutien aux victimes de la torture qui coïncide avec le 26 juin de chaque année et au démarrage de ses activités, l’instance nationale pour la prévention de la torture a choisi d’embrasser la symbolique carcérale des lieux.
Dimanche matin, sous un soleil accablant, organisateurs, victimes de torture et plusieurs composantes de la société civile, venus de tous bords ont, côte à côte, nettoyé la place de l’ancienne prison 9 avril et lâché des pigeons.
“Une action symbolique visant à préserver la mémoire nationale et à commémorer la morose histoire d’un lieu qui était par le passé le théâtre de plusieurs scènes de torture systématique et d’exécution”, a déclaré aux médias la présidente de l’instance, Hamida Dridi en présence des membres de l’instance et de plusieurs représentants de la société civile.
“C’est aussi une réaffirmation solennelle de notre implication dans l’action sur terrain afin d’améliorer la situation des prisons de manière à ce qu’elles soient adaptées aux standards internationaux en matière de traitement des détenus.”, a-telle encore ajouté, précisant que “le lâchement des pigeons en signe de paix vise à adresser un message en vue d’ouvrir les lieux de détention au contrôle pénitentiaire”.
Revenant sur la vocation de l’instance, Dridi a souligné que l’instance est ” indépendante et que son rôle essentiel consiste à prévenir et à lutter contre la torture à travers l’organisation de visites inopinées”.
“Il s’agit également de détecter, d’enquêter et de poursuivre en justice les pratiques de torture et de traitement dégradant”, a-t-elle révélé, déplorant à ce titre “le retard dans la mobilisation des fonds nécessaires pour la réalisation de ses activités.”
De son côté, le président du réseau tunisien de la justice transtionnelle, Mohamed Kamel Gharbi a souligné que ” la torture existe encore en Tunisie post-2011, faisant état de “230 cas de torture recensés en 2015”.
“Un chiffre qui dénote d’un laxisme gouvernemental à contrer vigoureusement ce phénomène”, a-t-il dénoncé, se déclarant en contrepartie optimiste de voir “la création de l’instance nationale de prévention de la torture contribuer à la mise en place de mécanismes de contrôle, de lutte et de prévention de la torture”.
Il a rappelé les incessants appels de la société civile à transformer l’espace de l’ancienne prison 9 avril en un musée dédié à la mémoire nationale, plaidant en faveur de la création de centres de réhabilitation des victimes de torture dans trois pôles à Tunis, Sfax et Sousse afin de remédier aux séquelles psychologiques et sanitaires des victimes de torture.
Les membres de l’instance ont été élus le 30 mars 2016 par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Sa vocation, selon la loi organique, étant de veiller au contrôle des lieux de détention, d’enquêter sur les cas de torture, de protéger les victimes.