La députée d’Ennahdha Farida Abidi s’est prononcée contre la tenue d’une séance d’audition des ministres de la Justice et de l’Intérieur sur le dossier d’assassinat de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.
Il s’agit, selon elle, d’un ” procès parallèle d’une affaire en cours ainsi qu’une violation du secret de l’enquête “.
Intervenant au cours d’une plénière mardi à l’hémicycle du Bardo, elle a estimé que la séance est contraire aux dispositions de la Constitution et une atteinte à l’indépendance de la Justice, s’interrogeant sur la relation entre le ministre de la Justice et cette affaire.
L’élu Sahbi Atig (Ennahdha) a fait observer que le parlement s’est transformé en un juge et un enquêteur dans une affaire placée déjà entre les mains de la Justice, ce qui s’oppose totalement, a-t-il regretté, avec le traitement indépendant et objectif de ce dossier.
Atig a appelé les ministres de l’Intérieur et de la Justice à révéler la vérité sur les deux assassinats politiques et à juger toutes les personnes impliquées au lieu de s’acharner contre une partie politique à dessein de l’inculper dans ces affaires.
Il a insisté sur le souci d’Ennahdha de connaitre la vérité sur ces deux meurtres, dans l’intérêt de toutes les parties y compris Ennahdha qui se considère victime de ces assassinats.
De son coté, la Députée Bochra Belhaj du groupe Al Horra s’est dit contre les pressions exercées sur la Justice, regrettant l’absence des conditions d’un procès équitable dans une affaire aussi importante qu’un assassinat politique.
L’élu Adnane Hajji (groupe social démocrate) a exprimé son étonnement de voir la séance d’aujourd’hui discrédité L’audition en plénière des deux ministères ne constitue aucunement une ingérence dans les affaires de la Justice, qu’il qualifie de “corrompue”.
Le Député du Front populaire Nizar Ammami qui est du même avis a appelé les élus d’Ennahdha à cesser de mettre en doute la légalité de la séance. Il a imputé l’entière responsabilité politique dans ces assassinats ainsi que la non révélation de la vérité à la Troika et aux gouvernements qui lui ont succédé.
Le député Samir Dilou du mouvement Ennahdha s’est interrogé si le traitement de cette affaire en plénière a pour but d’éclairer l’opinion publique ou s’il ne s’agit pas, au contraire d’une ingérence dans les affaires de la Justice et une violation de la Constitution.
Au sujet du report de la séance d’aujourd’hui, à la demande du mouvement Ennahdha, Dilou a tenu à préciser que l’objectif de ce report est de ne pas influencer la Justice surtout qu’un procès a eu lieu vendredi dernier, soit un jour après la date initiale de l’audition des deux ministres.
Le député Issam Matoussi ( Nidaa Tounès) a pour sa part déploré l’atermoiement à révéler la vérité. Il s’agit, selon lui d’une opération méthodique visant à brouiller les pistes.
Ahmed Seddik (FP) a déploré un traitement “faux, non sérieux et irresponsable” et ce, dès le début de l’affaire.