Célébration le 14 mai des 400 années de la Grande Mosquée de Soliman, la mémoire et le symbole

La construction de la Grande Mosquée de Soliman, vieille de 400 ans et située à proximité de la Tour d’Abi Soleyman au centre de l’ancienne cité romaine Megalopolis, sera célébrée le samedi 14 mai 2016 dans cette ville.

L’événement est organisé conjointement par l’association de sauvegarde la médina (ASM) de Soliman et l’Association des amis du livre et de la bibliothèque de la délégation à la salle des fêtes de Soliman.

Placée sous le signe “Faire revire la mémoire de la Grande mosquée, symbole d’inspiration” la manifestation, organisée avec le soutien de la délégation régionale de la culture de Nabeul, se veut un retour vers le passé, dans le temps et dans l’espace.

Il s’agit d’une occasion pour rappeler la grandeur d’une ville et ses multiples vies depuis la conquête de l’Andalousie, au passage de grandes figures comme Tarak Ibn Zied, Ibn Khaldoun, Wallada et Ibn Zaydoun…un voyage vers des lieux chargés d’histoire comme Grenade, Séville et Cordoue…et l’expulsion des musulmans chassés de l’Andalousie jusqu’à leur arrivée à Soliman et la fondation de la Grande mosquée qui deviendra le symbole identitaire et témoin d’authenticité de la ville.

Dans une déclaration à l’agence TAP, le secrétaire général de l’ASM de Soliman, Mustapha Ben Mansour a relevé que cette Mosquée batie en 1616 comporte plusieurs indices qui témoignent à chaque fois que les Andalous ont voulu apporter à ce monument plusieurs éléments architecturaux qui ressemblent à la mosquée de Cordoue.

En effet, la Mosquée appelée aussi la mosquée Malékite, est composée d’un patio où sont toujours nichés trois arbres anciens de “Naranj” (bigaradier) et de la salle de prière “El Mehrab”, dont la construction est largement influencée par l’art andalou aussi bien dans les matériaux utilisés que dans l’architecture.

Il a, dans ce sens, attiré l’attention sur la calligraphie koufie où sont inscrits des versets coraniques et les noms sublimes d’Allah ainsi que sur les colonnes avec chapiteaux construits en plaques de platre avec motif floral.

Dans son explication sur l’aspect architectural et historique de la Mosquée, Mustapha Ben Mansour a cité également l’usage des briques pleines qui sont des procédés architecturaux andalous.

Le minaret élevé sur quatre étages, est porté sur deux colonnes d’une grande ressemblance à la mosquée de Cordoue.

Programme du 14 Mai : exposition, séminaire et dégustation de produits andalous

Parlant des grands axes du programme de la célébration du 400ème anniversaire de la grande mosquée, Mustapha Ben Mansour a relevé que cette manifestation sera une occasion pour les curieux et les passionnés de prendre connaissance le samedi 14 mai 2016 d’une exposition documentaire comportant des livres anciens, des manuscrits en provenance des Archives Nationales de Tunisie (ANT) , des exemples de tableaux de mosquées anciennes de la Tunisie y compris la mosquée de Soliman ainsi qu’une série de photos anciennes sur les monuments andalous de cette délégation.

L’événement, a-t-il ajouté, sera marqué par l’organisation d’un colloque scientifique comprenant trois interventions : la première qui portera sur l’histoire de Soliman sera présentée par Mustapha Ben Mansour. La deuxième intervention qui sera donnée par le chercheur Ahmed Ghalleb, président de l’association des amis de la bibliothèque et du livre dans cette délégation, sera consacrée à la présentation de la Grande Mosquée Andalouse de Soliman.

“Les dommages subis par la Grande Mosquée et son Minaret” est le thème de la troisième intervention qui sera présentée par l’architecte de l’ASM de Tunis Mohamed Mohsen Azaiez. Et en clap de fin, une dégustation de certaines spécialités andalouses sera offerte (gros ,banadhej….) afin de faire connaitre les traditions culinaires andalouses jalousement conservées jusqu’à nos jours à Soliman, considérée comme étant la Porte du Cap Bon.

La grande mosquée est l’un des témoins du passage des Morisques dans la ville de Soliman situé au Nord-Est du Cap Bon, et qui est considéré comme un trait d’union entre la majorité des villes du gouvernorat de Nabeul et de Tunis. En effet, l’histoire moderne et contemporaine de Soliman remonte selon les Historiens à l’émigration des Andalous (1609-1610) qui ont construit la ville sur des ruines d’une cité romaine : Megalopolis pour la nommer ensuite Soliman en raison de la tour d’Abi Soleymen ou tour el blida située au centre de la cité.

Une cité qui garde de véritables autres joyaux historiques qui résistent encore : El Molino, le Bain turc du Saint Abdelaali, les rues de la médina, le sabat, la source du Marché (19ème siècle), l’une des sources baties en Tunisie à l’époque mouradite et hussenite où sont fortement visibles, selon l’inscription collée sur la façade de ce monument, les traces de l’art andalou.