L’économie parallèle, c’est 50% du PIB dans notre pays. Un pourcentage effarant dans la mesure où il illustre l’évolution inquiétante de l’informel dans notre pays depuis 2011 et les difficultés que trouve l’Etat à juguler un phénomène qui s’est imposé au fil du temps et des gouvernements transitoires.
Les douanes tunisiennes en pleine restructuration sont déterminées à limiter ses effets nocifs sur l’économie nationale. Une tâche qui n’est pas aisée car le parallèle se compte en milliards de dinars et représente des enjeux importants pour des lobbys qui se trouvent partout et qui sont au service de nouvelles mafias politiques et économiques.
Pire, la contrebande et le commerce parallèle ont des relations étroites avec le banditisme transnational et le terrorisme. L’ogre, nourri depuis des décennies par la voracité de certains membres de la famille de l’ancien président, est devenu insatiable ces dernières années grâce, en partie, aux nouveaux maîtres des lieux.
Le but est clair depuis 2011: fragilisons l’Etat, ses institutions et soyons les chefs tous terrains : économique, politique et sécuritaire, après tout, tout le monde est corruptible, il faut tout juste mettre le juste prix. «On peut dire qu’un gouvernement est parvenu à son dernier degré de corruption quand il n’a plus d’autre nerf que l’argent», disait Rousseau dans son “Discours sur l’économie politique”.
Heureusement que cela ne marche pas à tous les coups. Et malgré toutes les tentatives de déstabilisation de l’Etat, il y en a qui essayent tant bien que mal de réinstaurer la suprématie de la loi. Dans cette médiocrité ambiante dans laquelle nous baignons depuis des années, notre Tunisie a quand même enfanté d’hommes d’Etat qui ont des valeurs et qui portent leur pays dans leur cœur et le défendent de leurs corps. Les martyrs des douanes tunisiennes, on n’en parle pas assez. Pourtant il y en a et ils ont été les victimes de leur refus de se soumettre aux acteurs de la contrebande et aux serviteurs du terrorisme.
4 MDT, rien que cela! C’est le prix de deux tonnes de corail dont le corail royal saisies par la douane nationale tout récemment, sans oublier la somme de 1,6 million d’€ (3,8 MDT tunisiens) consignés à la BCT. Et ce ne sont pas les seules saisies de notre douane, c’est peanuts par rapports aux « cueillettes » régulières. Chaque jour que Dieu fait, des agents de douane procèdent à des opérations de contrôle qui aboutissent à des « butins » importants. Adel Ben Hassen, directeur général, y veille et est décidé non seulement à sévir mais à faire des douanes tunisiennes l’une des plus organisées et un exemple à suivre dans la région. Pour cela, il ne s’agit pas uniquement de restructurer ou de révolutionner l’administration douanière mais aussi d’impliquer ceux qui en profitent directement, qu’il s’agisse de simples citoyens, ou d’opérateurs économiques nationaux ou internationaux.
Dans une interview accordée par Adel Ben Hassen à WMC, le DG lance un appel à tous les concernés d’être des acteurs actifs dans la lutte contre la corruption ou les pratiques illicites et ne pas réagir en en parlant dans des cercles fermés. Nous sommes tenus dans le contexte présent de reprendre ce que disait Honoré de Balzac dans «Les illusions perdues» «Ne croyez pas le monde politique beaucoup plus beau que ce monde littéraire: tout dans ces deux mondes est corruption, chaque homme y est ou corrupteur ou corrompu». C’est aussi valable pour les agents de douanes: pour les corrompre, il faut être soit-même un corrupteur!
La corruption n’est pas une fatalité, assure Adel Ben Hassen, il faut tout juste trouver l’approche juste, judicieuse et efficiente pour y faire face.
Ci-après une vidéo qui exprime toute la détermination de ceux qui veillent aux destinées de la douane pour sévir. Que tous ceux qui ont peur de dénoncer brisent le mur de la peur et celui du doute et osent. Car c’est par eux et grâce à eux que les décideurs publics intègres peuvent réussir la mission de réduire la prolifération de la corruption et moraliser le secteur.
La vidéo appel, promesse et engagement en attendant la diffusion de l’interview en entier.