Affichant sa volonté de mettre en avant la grande effervescence et évolution que connaît le pays depuis l’aube de l’indépendance passant par la révolution de 2011 jusqu’à nos jours, dans la littérature, la création artistique, la liberté d’expression, l’histoire et le patrimoine, la Tunisie, invité d’honneur de la 30ème édition du Salon du Livre et de la Presse de Genève, a choisi de se démarquer au niveau de sa participation à une édition anniversaire qui se tient du 27 avril au 1er mai 2016.
La présence tunisienne au Palexpo où se tient le Salon de Genève, est riche d’ailleurs en nouvelles publications, activités littéraires et artistiques, témoins d’une évolution à plus d’un titre.
Une évolution qui touche tous les secteurs socio- politiques et économiques, ce qui a eu un grand impact sur la dynamique culturelle dans ses multiples formes et expressions. Afin de mettre en valeur ce bouillonnement culturel et littéraire, une forte délégation composée d’éditeurs, écrivains, intellectuels, universitaires, journalistes et artistes s’est déjà déplacée pour Genève.
Entre Littérature, histoire et cyberactivisme
A menu, des conférences littéraires, ateliers (céramique, calligraphie,,,), expositions artistiques, projections de films et dégustations de plats tunisiens, grand témoin d’une civilisation où se fusionnent les cultures, les goûts et les identités.
L’axe pivot de la participation tunisienne est la Littérature et l’impact des médias puisqu’il s’agit d’une foire principalement dédiée au Livre, aux éditeurs et à la Presse.
Placée sous le thème “Révélations de la Révolution tunisienne”, la participation tunisienne, sous le haut patronage du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine, dispose de la particularité d’inviter des cyberactivistes dont le rôle a été déterminant dans la tournant décisif dans les tous les domaines après la révolution. Il s’agit entre autres de Aziz Amemi, Salim Amemou et Amira Ayahyaoui dont le militantisme et l’action sur la toile ont eu l’effet contagieux de créer une telle liberté d’expression auprès des jeunes tunisiens.
Côté Littérature, les interventions d’intellectuels tunisiens, résidents en Tunisie ou en Europe, s’articulent autour des thématiques liées à la poésie, au texte et à la critique littéraire, au récital ainsi qu’une échappée dans les rouages de la pensée, l’histoire et la civilisation arabo-musulmane.
La poésie tunisienne et la beauté du verbe aura toute place au Palexpo en présence de Adam Fathi, Khaled Ouerghlani et Jamila Mejri en plus d’autres figures connues du domaine littéraire pour ne citer que Slah Ben Ayed, Olfa Youssef, Raja Ben Slama, Kmar Ben Dana, Faouzia Zouari et Raja Chebbi.
La forte présence féminine est justement le témoin d’une nouvelle donne imposée par l’ouverture du champ d’expression qu’elle soit littéraire, médiatique ou artistique ce qui a donné naissance à une forme d’écriture -féministe en quelque sorte- ouvrant la voie ainsi à une nouvelle réalité littéraire qui malgré quelques essais, a longtemps été dominée par les hommes.
A cet effet, sera ravivée la mémoire de Tahar Haddad, penseur et réformiste qui, sans relâche avait soutenu la cause féminine. Les idées de ce penseur qui avait alors été mal vues pas ses proches et entourage littéraire ont aidé à favoriser la place de la femme tunisienne dont le statut et les droits sont parmi les plus dans le monde arabe.
Arts et libertés, vecteurs de création en Tunisie
Selon les spécialistes, la création littéraire en Tunisie a évolué parallèlement à la création artistique aussi bien dans les arts plastiques que dans le cinéma, le théâtre… Du fameux voyage du plasticien allemand Paul Klee en 1914 à l’œuvre du grand calligraphe tunisien Naja Mahdaoui, en passant par les œuvres de plasticiens et photographes contemporains, la Foire de Genève constitue un lieu où s’expose l’art portant empreinte tunisienne avec toute sa splendeur.
L’émancipation de l’expression est aussi révélatrice pour les femmes autant que les hommes qui tous sont sortis du joug de la censure et l’autocensure sous l’ancien régime de la dictature.
Cette nouvelle donne marquée par la liberté d’expression et la prolifération des productions littéraires en Tunisie depuis déjà cinq ans, a été à l’origine de l’entrée dans la sphère de la pensée, influente ou peu influente, d’une manière formelle ou informelle. Le tunisien qu’il soit penseur, écrivain, journaliste, bloggeur ou simple citoyen s’est manifesté par ses idées criant haut et fort son droit à se faire entendre.
Cette dynamique que connaît la Tunisie n’est évidement pas le résultat d’un simple changement de pouvoir mais c’est plutôt, selon les experts, le legs de toute une culture dont l’histoire est millénaire et dont les exploits en matière de la pensée sont considérés précurseurs.
Parole au Quartet, Prix Nobel de la paix 2016
Ainsi, la Tunisie a choisi de mettre en avant le Prix Nobel de la Paix, décerné en 2015 au Quartet national, en reconnaissance à ses actions en faveur de la réussite du processus démocratique dans le pays. Les défis et la réalité du processus démocratique dans le pays seront sous la loupe dans le cadre de débats où se confrontent les idées des protagonistes de différents milieux politiques et littéraires à l’instar de Abderrazak Kilani, Chaouki Gaddes et Amira Yahyaoui.
Il s’agit également de célébrer le 160ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage, en 1846, en mettant l’accent sur le rôle de la Tunisie précoloniale qui avait fait une réforme sociale pionnière en prenant cette décision historique dans une période où même les nations les plus développées dénigraient les personnes de race noire et bafouaient leurs droits les plus élémentaires à une vie digne.
La Tunisie sera ainsi à l’honneur par ses plumes, par ses artistes, ses créateurs, ses penseurs mas aussi par son patrimoine notamment culinaire, dépositaire de traditions ancestrales offrant aux visiteurs du Salon des dégustations multiples.
Quant l’art d’écrire, de s’exprimer et de dialoguer se rencontrent avec l’art culinaire, se dégagent le parfum d’un hôte nommé Tunisie pour une escale de cinq jours au bord d’un pavillon de 650 m2 au Palexpo, construit en 1977 et dont la superficie s’élève de nos jours à plus de 110.000 mètres carrés contre 58.000 au départ.