Diplomatie économique : A quoi servent les missions africaines mixtes?

afriqueMalgré l’agitation en Tunisie autour de l’Afrique, ponctuée de séminaires et autres manifestations, la réalité des chiffres montre que l’Afrique demeure “la 5ème roue“ pour l’économie et la diplomatie tunisiennes. C’est du moins ce que pensent certains opérateurs tunisiens qui connaissent bien les marchés africains au sud du Sahara.  

En effet, un opérateur nous rappelle que la compagnie aérienne Tunisair ne compte que 7 dessertes aériennes sur l’Afrique (Algérie, Maroc, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Sénégal et Côte d’Ivoire). «Pourtant, fait plusieurs années que Tunisair nous annonce de nouvelles dessertes, comme le Tchad, la Guinée-Conakry, le Niger, le Cameroun et le Ghana… mais jusqu’à présente il n’y rien», déplore notre interlocuteur, qui ajoute que la compagnie a même réduit ses dessertes sur la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, Mali et Burkina Faso (on a passé de 5 rotations par semaine a 2 seulement). Et pendant ce temps, les compagnies aériennes du Maroc (RAM) et TAK (Turquie) ont au moins 5 rotations hebdomadaires sur l’Afrique.

Côté visa, c’est la croix et la bannière (lire ici notre article). De ce fait, il ne faut pas s’étonner que ces pays appliquent la règle de réciprocité, parfois même en la durcissant.

D’ailleurs, à titre d’exemple, notre interlocuteur nous apprend que la République démocratique du Congo impose des conditions draconiennes pour délivrer un visa d’affaires pour un Tunisien. En effet, outre le billet d’avion et les frais de séjour, chaque postulant pour un visa est tenu de reproduire un bulletin Numéro 3, 6 mois d’extrait bancaire, un ordre de mission, une lettre d’invitation de son partenaire au Congo avec 2 visa -celui du ministère de l’Intérieur et celui des Affaires étrangères avec un timbre de 50 dollars et 450 DT pour les frais du visa.

«Allez expliquer ces désagréments à nos responsables du ministère des Affaires étrangères ou à ceux du ministère de l’Intérieur qui définissent la politique des visas en Tunisie», regrette notre homme d’affaires.

Pour l’année 2016 et pour l’Afrique, la Direction générale Afrique du ministère des Affaires étrangères aurait prévu 4 actions pour un continent de 54 pays, dont 24 francophones. Il s’agit :

  • De la Commission mixte Tunisie-Cameroun à Tunis (les 23-24 mars 2016). On annonce l’organisation d’un forum d’affaires le 24 mars par le CEPEX et le ministère du Commerce. Le chef de la diplomatie camerounaise fera le déplacement à Tunis à cette occasion avec une délégation d’hommes d’affaires camerounais.
  • Du Forum à Abidjan et commission mixte Tunisie-Côte d’Ivoire (probablement les 25-26 avril, avec un forum économique le 26 avril 2016).
  • D’un forum et d’une mission au Togo les 27 et 28 avril 2016.
  • D’une journée pour les ambassadeurs africains accrédités à Tunis la première…

Maintenant la question qui se pose est simple: est-ce qu’avec un tel agenda que la Tunisie compte conquérir des marchés africains? On vous laisse deviner la réponse.

Pourtant, notre pays ne manque d’hommes d’affaires capables d’apporter de la croissance à l’économie tunisienne à travers les opportunités qui existent en Afrique, comme le font tous les autres pays. Par exemple, le président turc vient de visiter plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest accompagné de 150 hommes d’affaires.

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