Comment promouvoir l’investissement privé dans le secteur culturel? Qu’est ce qui explique l’insuffisance du mécénat en dépit des incitations fiscales allouées dans ce sens? Autant de questions, propositions et alternatives ont été présentées, samedi, lors d’une journée d’étude organisée à Tunis par le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine.
Plusieurs académiciens, artistes, responsables dans le secteur bancaire ainsi que des représentants de la société civile ont été présents à cette journée pour discuter de l’état des lieux et des perspectives de l’investissement privé et du mécénat dans le secteur culturel en Tunisie.
A l’ouverture des travaux, Sonia M’barek, ministre de la Culture et de la sauvegarde du patrimoine a soulevé “l’importance de placer l’investissement privé et le mécénat dans le secteur culturel en tant que priorité dans la stratégie culturelle surtout en cette cette conjoncture difficile que connaît le pays à tous les niveaux”.
En dépit de la volonté de l’Etat de développer le secteur culturel et de le hisser au rang d’une industrie culturelle qui participe d’une manière efficiente dans le développement et l’édification d’une société équilibrée, a expliqué la ministre, “il faut admettre qu’on n’a pas réussi jusque là à mettre en place une véritable industrie culturelle.
En terme de chiffres, a-t-elle avancé, les retombées du secteur culturel dans l’économie nationale demeure en dessous de 1pc, un pourcentage “faible” en comparaison avec le volume des incitations allouées par l’Etat pour la production et les fonds énormes que le ministère de tutelle accorde pour dynamiser le secteur culturel.
Dans cette même logique, Sonia M’barek a souligné que l’investissement dans la culture ne doit pas être perçu comme étant une responsabilité de l’Etat uniquement faisant observer qu’en “dépit de l’introduction du mécénat culturel dans la loi complémentaire du budget de l’Etat pour 2014, le volume de l’investissement privé dans le secteur culturel n’as pas évolué”.
Prenant la parole, l’universitaire Mohamed Zine Elabidine (Directeur du laboratoire des recherches culturelles, technologiques et de développement à la faculté de la Manouba) a mentionné que l’intérêt à devoir accorder à la culture nécessite l’élaboration de plusieurs études approfondies sur l’état des lieux du secteur culturel dans les domaines de la formation et sur le rôle de l’Etat dans la généralisation de la culture ou sa démocratisation de manière à en faciliter l’accès et concrétiser la décentralisation de l’offre culturelle.
Mohamed Zine Elabidine a, d’un autre côté, soulevé les difficultés qui se posent citant essentiellement le problème de la bureaucratie dont souffrent plusieurs administrations et établissements publics. Il a, à cet égard, souligné la nécessité de renforcer la coordination et la collaboration entre les ministères dont les ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur pour relever ce défi vital en cette conjoncture.
Quant au directeur de l’observatoire national de la jeunesse, Mohamed Jouili, il a relevé que les jeunes représentent 30 pour cent de la société tunisienne ce qui constitue une opportunité démographique importante à devoir exploiter en tant que ressource et non pas un fardeau car les jeunes, a-t-il avancé ont le droit à la culture en tant que création et pratique.
En outre, les jeunes, a-t-il ajouté, sont capables de mettre à profit les nouvelles technologies de l’information et de la communication ce qui nécessite d’encourager l’initiative privée auprès des jeunes talents notamment les diplômés des instituts spécialisées dans le cinéma, le théâtre, l’animation etc.
Mohamed Jouili a, dans ce sens, recommandé la création de laboratoires d’industries culturelles et des espaces de réflexion et de formation dans les domaines de la culture mettant l’accent sur l’importance de mettre en place une stratégie nationale associant le secteur public, la société civile et le secteur privé.