Médias : Pourquoi France 24 en veut-elle tellement à la Tunisie?

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Pourquoi France 24 en veut-elle tant à la Tunisie? La question peut paraître absurde tant les médias tunisiens eux-mêmes s’acharnent sur leur pays. La Tunisie, qui rayonnait auparavant à l’international comme étant un beau pays où la sécurité règne, la stabilité sociale fait autorité et que la propreté des villes et des grandes artères distinguait de ses pairs dans le monde arabe et au Maghreb, est devenue le pays de tous les maux.

France 24, paraît-il, aux soldes du quai d’Orsay ou travaillant sur ses instructions, ne rate pas une occasion de mettre en avant tout évènement «fâcheux» qui arrive dans notre pays. Un fait divers insignifiant est amplifié, les négociations sociales ont intéressé au plus haut point France 24.

Son équipe, constituée dans une large part de journalistes marocains, libanais, tunisiens et autres, suivrait à la lettre une ligne éditoriale venue d’ailleurs. Cela s’appelle «liberté et neutralité de la presse».

La couverture médiatique de la chaîne française n’a pas manqué de diaboliser le patronat et les opérateurs privés via les voix des contestataires et des syndicats auxquels on a accordé de larges plages horaires. La plus petite marche, sit-in ou grève sont mis aux devants de la scène française sans autre forme de procès. Tout acte terroriste aussi insignifiant soit-il, malgré les réussites sécuritaires, est accentué. Ceci sert à détruire l’image du pays à l’international et à «balayer» les investisseurs potentiels. Au profit de qui?

De source fiable, il semblerait que nos voisins marocains, “amis privilégiés de la France“, bénéficient de toutes les attentions de Laurent Fabius et du Quai d’Orsay qui tient à ce que la différence entre le Maroc et la Tunisie soit visible et lisible pour tous et toutes. Entendons-nous bien, les téléspectateurs n’ont pas besoin de lire entre les lignes…

Le tout récent assassinat d’Omar Khalik, connu sous le nom d’Izem (lion en tamazight), militant du Mouvement culturel amazigh au Maroc lors de heurts entre étudiants à l’université de Marrakech par des islamistes panarabistes, n’a pas été «médiatisé» comme il se doit par France 24; tout comme la répression des Amazighs du Sahara occidental dans les camps de Tindouf. L’équipe marocaine de France 24 est «patriote», elle évite de ternir l’image du Royaume! Au même titre, l’équipe rédactionnelle de la chaîne française y veille.

Dans notre pays, certains médias qui, par bêtise, qui pour servir des agendas politiques et qui manipulés se font presque la course pour altérer du mieux qu’ils peuvent l’image d’une Tunisie malmenée par une pseudo-révolution et maltraitée par ses propres enfants, lesquels la détruisent sans même se rendre compte des conséquences de leurs actes.

Le Maroc, lui, investit des millions de dollars dans des lobbyistes internationaux pour soigner son image et l’embellir, quoiqu’il y arrive. En Tunisie, non seulement nous n’avons pas les moyens de solliciter les services des grands cabinets de lobbying mais nos médias assurent à eux seuls le travail de marteau piqueur qui n’arrête pas de réduire en miettes une Tunisie malade de la maladresse de ses enfants et peut-être de l’absence du sentiment d’appartenance à leur pays et de celui encore plus important: le sentiment patriotique.

Au plus petit incident, les blogueurs journalistes, ou encore les autres, la professionnels donnent une dimension tragique.

Liberté de presse aidant, on ne se lasse pas de parler de la saleté, de la misère, des grèves, du terrorisme, des terroristes, des bavures policières, et j’en passe. En Egypte dont le contexte est de loin plus difficile que le nôtre, la presse protège l’image tout en donnant l’information de manière fine et intelligente: cela s’appelle du patriotisme.

En Tunisie, on ne s’attarde pas sur les success stories, ceux qui font des actions louables, les performances de la société civile, le courage de nos soldats et de nos forces sécuritaires, l’abnégation de nos sportifs, l’audace de nos artistes, les sacrifices de nos bergers. Ce sont des informations qui ne méritent pas plus d’attention qu’il n’en faut. Une petite querelle entre politiciens minables pourrait, quant à elle, occuper les unes des journaux et les plateaux des radios et télévisions.

Cela s’appelle une presse minable. C’est ce qui a fait dire à une consœur étrangère: «Nous ne pouvons pas aimer votre pays plus que vous. Ce sont vos médias qui véhiculent toutes ces images sur la Tunisie. C’est votre responsabilité, pas la nôtre».

Cela fait un bail que l’on répète: un pays se valorise de l’intérieur. Aujourd’hui nous avons réussi ce défi: «Nous nous dévalorisons de l’intérieur»!

«Delenda Carthago» a été la décision de Caton quand il a voulu détruire Carthage. Aujourd’hui, nombre de nos médias et de notre société civile s’en chargent. Alors continuez votre sale boulot: détruisez la Tunisie!

Amel Belhadj Ali