Tahar Haddad réhabilité, de façon posthume, dans sa fonction de huissier de justice, 80 ans après sa mort

L’audace et l’esprit critique de Tahar Haddad (1899/1935), un réformiste tunisien et érudit de la pensée arabo-musulmane, l’avaient condamné à vivre isolé, loin de sa famille et de ses proches.

Quatre-vingt ans après sa mort, Tahar Haddad a été réhabilité, de façon posthume, dans sa fonction de huissier de justice, à l’occasion d’un colloque organisé, mardi, à Tunis, par le Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF) en partenariat avec le Laboratoire du patrimoine à l’Université de la Manouba et l’appui de la Fondation Hanns Seidel, pour commémorer le 80ème aniversaire de son décès.

Le chef de cabinet du ministre de la Justice qui a annoncé cette réhabilitation, a fait aussi état de la décision de la présidence du gouvernement d’attribuer, bientôt, à Tahar Haddad, les Insignes de la République, “en hommage à sa personne et en reconnaissance à sa position de pionnier de la réforme en Tunisie”.

En effet, les idées réformatrices de ce penseur, syndicaliste et homme politique tunisien, demeurent une référence pour la mouvance intellectuelle contemporaine et ses idées suscitent toujours la fierté des Tunisiens.

Le CREDIF vient déjà de publier un nouveau livre intitulé ” le Calvaire de Haddad et le rêve d’une génération”, un ouvrage qui illustre, documentation à l’appui, le parcours de ce réformateur et intellectuel tunisien.

L’ouvrage est appuyé par des documents historiques qui font preuve de l’adhésion de Haddad au courant réformiste et fait état de son audace qui avait chambardé, à l’époque, tous les sentiers battus et ravivé l’aspect humain dans la société.

En plus des exposés et conférences d’universitaires, de chercheurs et de penseurs, une projection d’un documentaire, réalisé par Hajer Ben Nasr sur Tahar Haddad, a eu lieu à la séance matinale de cette journée hommage.

Dans un discours prononcé à cette occasion, Habib Kazdaghli, Doyen de La Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba a déclaré que “l’adoption de la pensée réformatrice de Haddad est un témoignage de la spécificité sociale et civilisationnelle de la Tunisie contemporaine, qui a réussi à mettre les législations au diapason des changements sociétaux et à les adapter à toute conjoncture”.

Et d’ajouter, “la préservation des textes du Code du Statut personnel (CSP) après la révolution de janvier 2011 est une preuve irréfutable de la réussite du combat de la femme tunisienne contre les idées obscurantistes”.

Des conférences liées à la pensée et aux ouvrages de Tahar Haddad ont été présentées à la séance de l’après-midi de cette journée. Il s’agit entre autres de la conférence de Lotfi Chaibi sur le thème “Notre femme entre la chariaa et la société : audace de Haddad et réserves de Bourguiba”, “Tahar Haddad et le Code du Statut Personnel” de Kalthoum Meziou, “La pensée de Tahar Haddad et la jurisprudence tunisienne en matière du Code du Statut personnel”, de Fatma Ezzahra Ben Mahmoud.