Visite de BCE en Suisse : Sous le signe de la lutte contre l’extrémisme et de la restitution des avoirs

La visite d’Etat du président de la République, Béji Caïd Essebsi, mercredi et jeudi, en Suisse, à l’invitation de la présidente de la Confédération helvétique, Simonetta Sommaruga, revêt une double dimension politique et économique.

Des accords bilatéraux seront signés lors de cette visite d’Etat qui concernent essentiellement la coopération en matière de concertation politique, la lutte contre l’extrémisme et la restitution des avoirs tunisiens spoliés et gelés en Suisse, selon un communiqué de la présidence de la République.

Au volet économique, le président Caid Essebsi coprésidera avec Mme Simonetta Sommaruga, une rencontre entre acteurs économiques et hommes d’affaires des deux pays dont la finalité est de «développer des projets d’investissement et de consolider la coopération en matière de formation professionnelle», indique la Présidence de la République.

Après le déclenchement de la révolution tunisienne en 2011, la Suisse a figuré au premier rang des pays d’Europe ayant manifesté leur soutien à la Tunisie.

Quelques mois après ce tournant accompli dans le pays, l’ex-présidente de la Confédération suisse, Micheline Calmy-Rey effectuait une visite en Tunisie où elle a donné le coup d’envoi de la conférence régionale des ambassadeurs suisses au Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), organisée pour la première fois en Tunisie.

L’ex-présidente de la Confédération helvétique avait déclaré alors que les relations tuniso-suisses, auparavant « difficiles», se sont nettement améliorées voire intensifiées depuis la révolution.

Moins d’un an après, une délégation de parlementaires suisses visitait l’Assemblée nationale constituante (ANC).

Conduisant cette délégation, le président de la Commission des institutions au parlement suisse, Veli Levenberger, avait réitéré l’engagement du parlement fédéral suisse à consolider le processus de transition démocratique en Tunisie et à renforcer les relations et la coopération avec l’ANC.

Aussi, pour aider la Tunisie à relever les défis de la relance économique et du développement régional, un protocole d’accord portant sur l’octroi d’un don suisse à la Tunisie d’un montant de 13 millions de dinars tunisiens, avait été signé pour la période 2011-2016.

Il est destiné à financer des programmes et des projets de développement multisectoriels à réaliser dans différentes régions tunisiennes défavorisées. Sur un autre plan, la Suisse s’est dit disposée à aider la Tunisie pour le recouvrement des avoirs gelés dans ses banques.

Le secrétaire d’Etat suisse aux Affaires étrangères, Peter Maurer avait déjà déclaré en 2011, à Tunis, que son pays est disposé à aider la Tunisie pour la restitution de ses avoirs spoliés par le président déchu et sa famille et gelés dans les banques suisses.

«La procédure de confiscation et de restitution des avoirs tunisiens en Suisse s’effectue par le biais d’une entraide judiciaire », avait déclaré à l’époque la présidente de la Confédération helvétique.

La question a, d’ailleurs, été évoquée de nouveau lors de l’entretien qu’a eu, en mars 2015, l’ancien ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aissa avec l’ambassadeur de Suisse en Tunisie, Rita Adam.

L’accent a été mis sur le renforcement de la coordination entre les deux pays au sujet des fonds spoliés et détournés à l’étranger.

Ainsi, dans l’affaire SwissLeaks, les autorités judiciaires tunisiennes ont émis une commission rogatoire internationale à l’intention de leurs homologues helvétiques demandant l’ouverture d’une enquête concernant les révélations sur les comptes de tunisiens ouverts dans la banque HSBC et dont la somme s’élève à 554 millions de dollars.

De l’avis des experts, une coopération plus soutenue en la matière est nécessaire, pour que la Tunisie puisse récupérer les montants considérables détournés dans les banques suisses. Sur un autre plan, la coopération tuniso-suisse s’est, également, consolidée par le lancement en 2012 d’un partenariat migratoire.

Mme Simonetta Sommaruga, qui occupait alors le poste de chef du département fédéral de justice et police (DFJP) suisse avait effectué au cours de cette même année une visite de travail en Tunisie, laquelle visite a permis de conclure des accords de coopération en matière de partenariat migratoire.